Jeanne Chauvin, la plaidoirie dans le sang
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 23 Août 2023
Résumé | Test Complet | Actualité
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Genre :
Bande dessinée
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Non
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Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario : Aurélie Chaney
Dessin : Djoïna Amrani

Jeanne Chauvin fut la « première » femme avocate à exercer en France (1907). Fille de notaire, elle est née à Jarqeau en 1862, elle est devenue orpheline à 16 ans, élève plus que brillante, elle a obtenu deux diplômes d'études secondaires, en Sciences et en Lettres et deux licences, une en Droit et une en Philosophie puis devient docteur en droit. Elle est la deuxième femme en France à obtenir une licence en droit en 1890 et la première Française à passer un doctorat en droit en 1892, qu'elle consacre à « l'étude historique des métiers accessibles aux femmes ». La thèse de cette étude affirme, en résumé, que c'est sous l'influence de la pensée judéo-chrétienne et catholique que l'inégalité juridique entre hommes et femmes s'est consolidée. En 1892, la discussion de sa thèse dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne fut interrompue et perturbée à plusieurs reprises par des cris, des cris et des chants provocateurs mis en scène par des manifestants. Ce n'est qu'après l'intervention des gardiens qu'il pourra enfin achever la discussion de sa thèse sur « les métiers accessibles aux femmes en droit romain et en droit français ». Quelques jours plus tard, elle devient docteur en droit avec l'approbation générale du jury. Elle est ainsi chargée d'enseigner dans des lycées de filles à Paris ; devient professeur de droit au lycée Molière, en même temps il entreprend un dur combat pour affirmer le droit des femmes mariées d'être témoins dans les actes publics et privés, et de disposer du fruit de leur travail ou de leurs affaires personnelles. Le 24 novembre 1897, possédant toutes les qualifications nécessaires, elle se présente à la cour d'appel de Paris pour prêter le serment d'avocat. Le refus lui a été notifié le 30 novembre, au motif que la loi n'autorise pas les femmes à exercer la profession d'avocat, exercice réservé jusqu'alors exclusivement de droit aux seuls hommes. Il faudra attendre deux bonnes années, pleines de revendications et de luttes de la part du mouvement féministe et de la partie la moins conservatrice du front progressiste, avant d'arriver à la discussion à la Chambre du projet de loi déposé par Renè Viviani avec divers confrères, dont Raymond Poincaré, le 30 juin 1899 dont le but est de permettre aux femmes d'accéder à la profession au nom du « principe de légalité de l'accès à la profession d'avocat compte tenu de l'égalité des qualifications entre hommes et femmes ». Il faudra encore une année d'intenses discussions avant que la loi (numéro 1900-1201) soit approuvée et entre en vigueur et soit publiée au Journal Officiel le 1er décembre 1900, qui permet aux femmes d'avoir pleinement accès à la Cour avec le pouvoir d'exercer la profession d'avocat. Le 19 décembre 1900, Jeanne Chauvin peut enfin prêter serment.

D'après les enquêtes menées sur le site officiel de l'Ordre des Avocats de France, on découvre que Jeanne Chauvin était en réalité la deuxième femme à prêter serment et à devenir avocate. La première fut Madame Olga Petit qui prêta serment le 6 décembre 1900, 24 heures après l'entrée en vigueur de la loi et 13 jours avant Jeanne Chauvin. Qui était Olga Petit ? Une Russe. On constate que plus d'un tiers des étudiantes inscrites à l'Université de Paris de 1896 à 1913 étaient étrangères, une grande partie d'entre elles venant de Russie, à tel point qu'elles créèrent au sein de la Sorbonne une revue féminine russe officielle. Même si Jeanne Chauvin n'a pas été la première femme à devenir avocate (on a longtemps dit le contraire pour une question de patriotisme entièrement français), elle est celle qui a eu le mérite et le courage de se battre pour obtenir le droit d'exercer ce métier. Pour mémoire, la première docteure en droit au monde diplômée en 1890 de la Sorbonne à Paris fut la Roumaine Sarmiza Bilcescu, discutant d'une thèse de droit intitulée "De la condition juridique de la mère". Sarmiza Bilcescu s'est inscrite au cours de l'année universitaire 1884, recevant l'autorisation non unanime du conseil académique pour pouvoir assister aux cours. Il a été imposé comme condition à sa participation aux activités universitaires qu'elle doive toujours être accompagnée d'un accompagnateur (sa mère ou son mari !). Ancienne avocate, la scénariste Aurélie Chaney effectue un parcours de biographe savamment dosé et rend hommage à une pionnière. Le dessin est quant à lui assuré par Djoïna Amrani, affichant un trait vibrant et moderne.

VERDICT

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Encore un parcours incroyable pour une femme qu'on avait un peu oubliée. Ce biopic est assurément une belle découverte.

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