Pierrot, Mimile et Antoine se connaissent depuis leur plus tendre enfance. A présent septuagénaires, les trois complices ont compris que bien vieillir est le seul moyen connu de ne pas mourir. Alors qu'Antoine vient de perdre Lucette (sa femme) avec qui il avait vécu pendant cinquante-quatre ans, Mimile et Pierrot viennent le soutenir dans son deuil. Tous trois se replongent dans leur souvenir pour oublier la douleur. Le lendemain, après un rendez-vous chez le notaire, Antoine est décidé à éliminer Garan Servier, propriétaire d'une usine pharmaceutique et principale cible de leurs luttes syndicales du siècle dernier. Dans ce road-movie, Antoine veut prouver qu'il n'y a pas d'âge pour commettre un crime passionnel. Mimile et Pierrot décident de partir vers l'Italie en compagnie de Sophie, la petite-fille la plus proche de Lucette, enceinte de sept mois, afin d'arrêter Antoine avant qu'il ne soit trop tard.  Dans ce nouveau tome, l'intrigue se focalise à présent sur Pierrot. Le grand-père indigne vient de recevoir un colis rempli d'argent, accompagné d'un mot signé Ann Bonny, son grand amour de jeunesse qui l'entraîna à braquer une banque et qu'il croyait disparu depuis des années. Mais en réalité Ann Bonny n'est plus en vie, et une connaissance proche de Pierrot (découverte dans le premier tome) se fait passer pour elle. Pour quelle raison ? Le mystère reste entier, et même lorsque la situation devient tragique, la jeune femme ne laisse rien échapper ...

Les Vieux Fourneaux proposent donc de suivre la trajectoire de trois personnages forts en caractères, qui ont décidé d'organiser un dernier coup d'éclat. Au fil des pages, on découvre leur passé respectif, leurs engagements, mais aussi la solidité de leur amitié. Bien sur, l'analyse sociétale n'est pas oubliée, avec une critique à peine masquée de la génération soixante-huitarde qui a oublié ses idéaux et s'est mutée en consommateurs individualistes. Les dialogues sont assez cinglants, quant au style graphique, il demeure assez épuré mais ne sombre jamais dans la caricature. Le trait est semi-réaliste pour ne pas être trop pesant, et met facilement en valeur les émotions humaines.