Paris. Un justicier d'un genre nouveau s'attaque aux criminels. Portant un masque de Nô, du théâtre japonais, le héros ne dispose pas de pouvoirs physiques prodigieux, mais tire sa force d'un don particulier. Lorsqu'il plonge son regard dans celui des victimes, Nô voit les derniers instants de leur vie et découvre donc l'identité de leur assassin. Une capacité qui rappelle quelque peu la série Pushing Daisies où le protagoniste principal pouvait réveiller les morts en les touchant ou encore le nouveau programme d'ABC, Stitchers, dans lequel une jeune femme recrutée par une agence gouvernementale découvre les pensées des cadavres en étant figurativement greffée à eux. L'ambiance est pourtant très différente cette fois, puisqu'on apprendra très tardivement l'identité de Nô, et c'est en suivant l'enquête de la commissaire Jih que le puzzle se mettra tout doucement en place. Tous deux sont à la recherche d'un tueur en série nommé l'égorgeur de Paris, qui ne laisse aucune trace et qui a déjà fait six victimes. Jih ne trouve aucun indice et même les visions de Nô demeurent très floues, le visage du tueur n'apparaissant jamais au grand jour. Seule certitude, les médias et la police ignorent les intentions et les motivations du personnage. Le ministre de l'intérieur exige des résultats au plus vite. Les forces de l'ordre sont partagées. Doivent-elles laissées Nô s'attaquer à l'égorgeur, même s'il constitue lui-même une menace pour la sécurité nationale ?

Les prémices de Nô débutent pourtant vingt ans plus à Tokyo, quand un père violent tue involontairement la petite sœur du héros, lors d'une correction de trop (La fillette avait cassé un masque de théâtre Nô d'une grande valeur). Un événement qui a traumatisé le personnage, encore enfant, et qui expliquera en partie son comportement actuel. Présenté comme un thriller unitaire, Nô pourrait néanmoins être amené à se poursuivre, ce volume se concluant par un cliffhanger très intrigant. Financé par le crowdfunding, Nô marque également le début de l'aventure des éditions Atypique dans une BD qui nous fait parfois penser à Dexter (le personnage ne s'attaque qu'aux méchants) mais aussi aux films Halloween (pour le port du masque). L'intrigue est portée par un dessin semi-réaliste efficace, et une mise en scène très cinématographique justement, malgré certains passages plus nuancées, bien qu'utiles pour faire retomber la tension.