1915. Après une séquence prémonitoire, Corto Maltese et Raspoutine sont désormais en Amérique du Sud. Les deux amis se séparent rapidement, et Corto rejoint la ville de San Francisco, qui s'intéresse peu à la guerre touchant actuellement l'Europe, étant obnubilée par l'organisation de l'Exposition Universelle. Corto reçoit alors une lettre de son vieil ami l'écrivain Jack London. Peu en forme, l'auteur de Croc Blanc lui confie une dernière volonté : Retrouver une femme, son amour de jeunesse, pour lui porter une lettre d'adieu. En échange de ce service, Jack London promet un incroyable trésor à Corto Maltese, son aventure l'entraînant à présent dans le grand nord du continent américain, plus précisément en Alaska.

Reprendre un personnage culte de la bande dessinée n'est pas un exercice facile, surtout que l'univers de Prat demeure très particulier. Un mélange d'aventure, d'humour, de romantisme, de nonchalance, ou encore de mélancolie, servi par un trait qui oscille selon les besoin de la narration. Le dessin de Ruben Pellejero s'avère finalement assez proche de l'original, la mise en couleurs est sublime, par contre le scénario n'est pas sans poser d'interrogations. Corto Maltese se retrouve plongé dans une aventure rythmée mais où certains éléments sont volontairement passés sous silence, grâce à des ellipses temporels. On passe ainsi rapidement d'une séquence à l'autre, de l'introduction en Colombie, en passant par un passage à San Francisco, puis une virée en Alaska potentiellement mortelle pour l'aventurier, et enfin un voyage sur un bateau en pleine tempête. Corto Maltese semble ainsi beaucoup moins maître de son destin, certains diront que c'était déjà le cas dans certains tomes signés Pratt.