La Présidente
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 12 Novembre 2015
Résumé | Test Complet | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
Bande dessinée
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Non
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Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario : François Durpaire
Dessin : Farid Boudjellal

Le 7 mai 2017, Marine Le Pen est élue première Présidente de la République avec 50,41% des voix. Elle a battu François Hollande de quelques dizaines de milliers de voix. C'est un cataclysme dans toute la France. Comment cette élection a t-elle été rendue possible ? Par la division de la droite. En 2016, Nicolas Sarkozy remporte la primaire des Républicains, mais de nombreuses voix au sein de son camp remette en cause le résultat. Trouvant le programme de l'ancien président trop droitier, François Bayrou décide de se présenter pour la quatrième fois à l'élection suprême. François Fillon n'approuvant pas non plus la ligne politique de Nicolas Sarkozy (mais pour d'autres raisons) est également candidat. Bilan, Marine Le Pen se retrouve au second tour contre François Hollande. Nicolas Sarkozy refuse de donner une consigne de vote, à l'inverse d'Alain Juppé et de François Fillon. Et voilà le résultat. Techniquement, ce n'est pas une uchronie (réécriture de l'Histoire à partir de la modification d'un événement du passé) mais de l'anticipation. Il y a ainsi des choix qui sont faits, qui correspondent à la vision ou à l'intuition de l'auteur, l'universitaire François Durpaire. Le scénario proposé est très documenté et nous détaille ce que pourrait être le programme du Front National au pouvoir. La bonne idée est d'axer l'intrigue sur l'application du programme plutôt que d'aller à fond sur le basculement vers l'extrémisme. Petit bémol toutefois : L'instauration de l'état d'urgence tombe complètement à plat depuis les événements du 13 novembre. L'album vieille à nous montrer les 100 premiers jours de Marine Le Pen présidente, une période où souvent tout le quinquennat se joue. Bref, pour former une coalition, Marine Le Pen choisit de nommer Gérard Longuet, co-fondateur d'Occident, ancien du GUD et ex ministre de la défense sous Sarkozy, premier ministre. Marion Maréchal-Le Pen se retrouve au ministère de l'École et des Savoirs fondamentaux, Nicolas Bay, ministre de l'Intérieur, de l'Immigration et de la Laïcité, quant au maire d'Hénin Beaumont, Steeve Briois, il est propulsé ministre de l'Agriculture et de la Ruralité. Du côté de la droite, les anciens sarkozystes quittent le navire (Thierry Mariani, Christian Vanneste et Geoffroy Didier en tête). L'objectif est de diviser les Républicains pour former une majorité lors des législatives. Le programme économique est pourtant intenable pour la droite, notamment le retour au franc. Qu'à cela ne tienne, le sujet est mis sous le tapis le temps de la campagne. En parallèle, une intrigue secondaire (dont on aurait pu se passer) nous permet de suivre l'histoire d'une famille fortement hostile au FN.

Tout n'est cependant pas parfait. On peut s'étonner de voir trois candidats majeurs de la droite et du centre au premier tour de l'élection présidentielle, ce qui ne sait jamais vu depuis l'instauration de l'élection présidentielle au suffrage universelle en 1965. Ensuite, il y a quelques errements sur le résultat des législatives, qui donne 1 tiers des sièges aux Républicains, 1 tiers des sièges au FN et 1 tiers au Parti Socialiste. La thèse est que la moitié des députés de droite soutiendrait un gouvernement Lepeniste pour former une majorité plurielle. Mais avec un parlement totalement éclaté, le risque d'une motion de censure et d'un gouvernement renversé (comme sous la quatrième république) prendrait vite du sens, surtout que les premières mesures identitaires et sécuritaires ne sont pas dans la demi-mesure : Suppression du Conseil Constitutionnel, utilisation des RG pour éplucher la vie des journalistes et constituer un gigantesque fichages des opposants, nomination de Patrick Buisson à la tête de TF1, suppression de l'étude de l'esclavagisme dans les programmes scolaires, et bien sur suppression des subventions des journaux hostiles au pouvoir en place. Sous prétexte d'incitation à la haine, les rappeurs les plus virulents sont mis en examen, de même que les intellectuels jugés extrémistes. Les étrangers en situation légale sont reconduits à la frontière au bout de douze mois de chômage et le droit du sol est supprimé. Pire, la parole raciste se libère dans tous l'Hexagone, et le résultat du référendum sur la sortie de l'euro est finalement positif. L'économie du pays s'en ressent, et le nouveau franc est immédiatement dévalue de 30%. Face aux mesures protectionnistes prises, les entreprises étrangères stoppent leurs investissement en France. On n'échappe pas à certains clichés et une fin forcément très négative à la fois pour le pays et pour les français. Le tout par des dessins en noir et blanc signé Farid Boudjellal, qui jusque là proposait surtout des crayonnés humoristiques et légers, tout le contraire de la Présidente. Le rendu semi-réaliste est plutôt efficace, à l'exception des "célébrités" représentés pas toujours très ressemblantes (notamment Michel Drucker, Nelson Montfort ou encore Eric Zemmour).

VERDICT

-

La Présidente est un ouvrage très bien documenté et pour le moins instructif. Comme il est indiqué sur la couverture "Personne ne pourra dire qu'il ne savait pas". Le graphisme et le parti-pris du noir et blanc soulignent clairement le message.

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