Dans le dernier volume de sa série de travelogue (NLDR : Œuvre décrivant un voyage, sous forme littéraire ou cinématographique) graphique, l'auteur Lucy Knisley revient sur sa croisière dans les Caraïbes, où elle avait été recrutée par sa famille pour accompagner ses grands-parents. Pendant les dix jours d'escapade, elle devra non seulement prendre soin de sa grand-mère et de son grand-père (gérer notamment la pharmacopée), mais également faire faire à un buffet particulièrement médiocre, des voisins très bruyants, des spectacles peu qualitatifs, mais également découvrir le bouleversant carnet des souvenirs de guerre de son grand-père. Mais davantage que le voyage, cette excursion sera l'occasion de rapprocher la petite-fille de ses grands-parents. On y suivra la frustration de Lucy, ses craintes, sa compassion et ses tentatives pour se réconcilier avec la mortalité de l'homme.

Alors que l'ouvrage précédent de Lucy Knisley (An Age of License) représentait une jeune femme au début sa vie, "Ligne de Flottaison" (Displacement) aborde la fin. Ce voyage est une question de patience, de soins, de respect et d'amour. Dans son introduction, elle décrit son sentiment de solitude, et tente de dissimuler sa propre terreur et son chagrin face au déclin de la santé de ses grands-parents. Knisley approche en effet de la trentaine alors que ses grands-parents, Phyllis et Allen, approchent de leurs 90 ans. Ils ont des problèmes d'audition et de mobilité, de sorte que l'auteur a des sentiments mitigés au sujet du voyage (une chance de passer plus de temps avec eux, mais également la peur et la frustration de ce que les soins quotidiens pourraient impliquer). Ils sont à la fois aux prises avec des problèmes de mémoire (l'aspect le plus effrayant du vieillissement). Bien que Knisley montre beaucoup de ses propres incertitudes, comme beaucoup d'adultes, elle ne voit pas assez souvent sa famille pour se tenir au courant de leur santé. Les aquarelles douces servent une façon unique d'exprimer la mélancolie du récit.