Split
Plate-forme : Blu-Ray
Date de sortie : 27 Juin 2017
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Développeur :
Genre :
film
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Réalisé par M.Night Shyamalan.

Les fractures mentales des personnes présentant un trouble dissociatif de la personnalité ont longtemps fasciné et échappé à la science, il se dit que certains peuvent également manifester des attributs physiques uniques pour chaque personnalité, un prisme cognitif et physiologique dans un seul être. Kevin a manifesté 23 personnalités devant son psychiatre de longue date, le Dr Fletcher mais il en reste une, immergée, qui commence à se matérialiser et à dominer toutes les autres. Contraint d'enlever trois adolescentes, dont la volontaire Casey, Kevin se bat pour survivre parmi tous ceux qui évoluent en lui-même – et autour de lui- tandis que les murs entre ses personnalités volent en éclats.

Sérieux retour aux affaires de M.Night Shyamalan après une décennie contrastée(« The Last Airbender », « After Earth »,...). Le film pose une question shyamalanienne par excellence : « Qui au juste ai-je en face de moi ? » Or chez le réalisateur, toute rencontre est littéralement surnaturelle, c'est le face à face d'univers avec un autre univers, parallèle, et dont la contiguïté est problématique, que ce soit les morts face aux vivants (« Sixth Sense », « Unbreakable »), le passé face au présent (« The Village »), l'au-delà face à la terre (« Signs »), voire du créateur et ses créatures (« Lady in the Water »). Toujours le face-à-face de l'humain devant ses peurs les plus sourdes, primitives. « Split » livre sans faux semblants son lot de réponses à la question, arbitrant la rencontre d'un monstre avec un autre, et en évacuant très rapidement, presque d'un revers, la logique attendue du survival à la « Saw ». Il le fait avec le charme de la série B (deux décors) et un maximum d'inventions de mise en scène (d'axes, de focales courtes dans les gros plans, etc.). Cet art de l'esquive scénaristique se retrouve sur le plan des ellipses, les flashbacks d'une journée de chasse de Casey enfant complétant peu à peu le paysage mental et physique de l'héroïne, en dressant une étonnante proximité avec le ravisseur. Dès le premier plan, un sidérant trans-trav sur le regard inquiet de l'adolescente isolée à une fête d'anniversaire, n'attendant rien d'autre que d'être ravie à ce monde qui ne veut pas d'elle, on sait que le film sera bon, sera juste, qu'il va aimer ses personnages, qu'il va tracer son chemin à travers la psychologie de perlin-pinpin sur la schizophrénie (un James McAvoy bigger than life avec un maniérisme "Actor's Studio" hilarant) et les flashbacks utilitaires (mais dont le hors-champ bouleverse dans la scène de climax) pour révéler que les fêlures des faibles sont leur arme face aux puissants. Shyamalan se moque complètement de son scénario mais tient énormément à ses personnages, la marque d'un cinéaste qui compte. Comme dans ses grands films, il fait mine de partir de la croyance et du ridicule comme fins en soi pour aboutir à leurs ravages mutuels : un monde d'ahuris et d'incrédules où palpitent comme des papillons sur une ampoule quelques solitaires désabusés et revenus de tout, qui n'ont que faire de leur savoir, et se résolvent à croire en la croyance elle-même. Chez Shyamalan, la dialectique est toujours cruelle, et il faut voir le dernier plan de Casey (Anya Taylor-Jay) quand la policière lui dit que son oncle est arrivé pour comprendre que la fin est bien là, suffocante, et non dans un énième effet de twist de l'auteur-producteur destiné à masquer un si singulier désespoir, dont la paradoxale tendresse et l'appel du mélo manquait depuis 10 ans au paysage du cinéma américain contemporain.

VERDICT

-

Il s'agit d'un très bon film dans l'univers glauque de Shyamalan. Un scénario bien conçu et une superbe direction d'acteurs avec James McAvoy qui crée un halo autour de lui. Peu importe les actrices de soutien (excellentes): McAvoy est là. On pourra, vers la fin, douter quelque peu du réalisme de l'interprétation du personnage, il n'en demeure pas moins que McAvoy est incroyable. Anya Taylor-Joy et Betty Buckley sont toutes deux fantastiques, l'une en otage et l'autre en thérapeute.

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