"Le Duel" est à la base une nouvelle de Joseph Conred, elle même inspirée d'une anecdote de guerre, déjà adaptée au cinéma en 1977 par Ridley Scott. Au début du XIXème siècle, Deux hommes s'affrontent, pour sauver leur honneur, préserver leur réputation. Pendant que les guerres napoléoniennes font rage, l'affrontement entre ces deux hommes devient plus qu'un face à face. Car la pratique du duel est une curieuse épreuve mentale et physique, une menace qui plane sur chaque homme, et requiert un mélange de sauvagerie et de stratégie. Pourtant, l'Empereur a interdit cette pratique qui saignent à blanc sa Grande Armée. Mais qui sont ces deux protagonistes ? Deux Hussards, d'un côté Armand d'Hubert issu de la classe aisée, et Gabriel Féraud, fils d'un maréchal-ferrant. Autant le premier est discipliné et soucieux de la hiérarchie, autant le second est sanguin et incontrôlable. Dans une France tourmentée alors que Napoléon affronte l'Europe entière, Féraud va défier Hubert dans un premier duel, et il ne sera que le premier d'une longue série. Les deux hommes se retrouveront pour des faces à face pendant plus de vingt ans, mais aucun ne désignera de réel vainqueur.

Le scénario de Farace laisse la part belle aux scènes de combat et prend forcément quelques libertés avec le récit de Conrad. Nous suivrons le parcours et la carrière des deux hommes au rythme des campagnes napoléoniennes et même jusqu'à la Restauration. Deux personnages qui se ressemblent davantage qu'ils veulent bien se l'avouer. Si l'album est essentiellement en noir et blanc, la couleur rouge est fréquemment utilisée pour accentuer la violence des sentiments de haine entre les deux hussards. Le dessin offre d'ailleurs un style assez particulier. Les environnements sont d'un grand réalisme, avec un soucis du détail indéniable. A contrario, les personnages flirtent souvent avec la caricature, d'où un paradoxe mettant en balance le sort de l'Europe et la bêtise de l'orgueil des deux officiers.