Claudine à l'école retrace la vie dans une école de filles à la campagne durant l'année scolaire 1899-1900. Nous suivons Claudine, 15 ans, lors de l'année du brevet dans le cadre champêtre de Montigny. On nous présente ses camarades de classes, ses professeurs, les amours de ses dernières, les petits secrets, les chahuts, les rumeurs... Beaucoup de mesquinerie dans les relations entre filles et pas trop d'amitié ! ? Les élèves ont des personnalités peu communes : la grande Anaïs, que Claudine qualifie de menteuse, filouteuse, flagorneuse, traîtresse, possède en outre "une véritable science du comique" ; les Jaubert sont agaçantes à force de sagesse ; Marie Belhomme, "bébête, mais si gaie" ; Luce, charmeuse autant que sournoise ; etc ... Claudine et ses camarades deviennent des femmes. Dans une première partie, on assiste à la vie de cette classe menée par deux enseignantes attirées l'une par l'autre, puis dans une seconde partie à l'examen du brevet (très pittoresque) et à la fête du village pour recevoir un ministre. La liberté dans les mœurs peut sembler étonnante pour un ouvrage écrit il y a 118 ans. S'il y a des chuchotements, des gloussements lorsque les élèves surprennent les relations amoureuses des deux institutrices, ce n'est pas dû à l'homosexualité, les élèves n'en sont même ni étonnées ni choquées. Les amours qu'elles soient homosexuelles ou hétérosexuelles provoquent le même genre de réaction.

Claudine est un personnage principal consistant, c'est un tempérament ! Elle est intelligente, spontanée, impertinente, sure d'elle, c'est épatant ... mais elle est également arrogante et perverse, elle aime bien tourmenter une camarade un peu faible, puis de temps en temps la défendre. Elle a un jugement dur sur les autres, personne ne trouve grâce à ses yeux. Elle est issue d'un milieu social supérieur à tous ceux qui l'entourent, et méprise les gens plus modestes, son arrogance peut semble exaspérante, mais c'est aussi ce qui la rend intéressante, elle est d'une franchise très abrupte. Il est amusant (ou inquiétant), de connaître certains cours dispensés aux filles à l'époque, comme la broderie, la calligraphie, et de découvrir que les tricheries à l'examen étaient si faciles. Claudine à l'école est le premier roman à base autobiographique de Colette, d'abord signé par son époux Willy. L'adaptation en bande dessinée signée Lucie Durbiano est un vrai régal. Le dessin aborde la traditionnelle ligne claire et le design des personnages s'en sort avec les honneurs. Il y a une grande modernité dans l'affichage, à contrario de l'intrigue très passéiste.