Cela fait déjà seize jours que les ouvriers de l'aciérie Wandel sont en grève. Marcello est l'un des porte-parole du mouvement qui est en train de gagner d'autres usines de la ville. Cependant, il finit par être licencié et croulant sous les dettes, il n'a pas d'autre choix que d'accepter de travailler sur le chantier de construction du canal de Panama, en plein milieu de la forêt équatoriale. En collectant suffisamment d'argent, Marcello espère pouvoir revenir aux États-Unis et retrouver la femme qu'il aime, Louisa. Ayant un don pour la poésie, Marcello multiplie les lettres d'amour, une façon de supporter la pénibilité du travail quotidien et d'avoir quelque chose à quoi se raccrocher (ou un espoir d'un lendemain meilleur). Toutefois, ses lettres n'arriveront jamais à destination, car Barbara Hogen, la femme de l'ingénieur en chef du chantier, les interceptent, et celle-ci se délecte de la prose de Marcello. Il faut dire que Barbara s'ennuie, elle lit donc beaucoup, essentiellement des romans à l'eau de rose. Séduite par la prose de Marcello, elle entreprend d'en savoir plus sur lui. Mais peu, l'état physique de Marcello se dégrade et les lettres se font moins nombreuses, ce qui inquiète Barbara.

Eldorado nous replonge donc sur l'histoire des travaux du canal de Panama, débutés en 1882, reliant l'océan Pacifique et l'océan Atlantique. Sa construction - 77 kilomètres tout de même - a été l'un des projets d'ingénierie les plus difficiles jamais entrepris. On estime que plusieurs milliers de travailleurs ont été emporté par la maladie durant les travaux (paludisme, fièvre jaune, etc), sans compter les nombreux glissements de terrain. L'intrigue est ici racontée à travers le regard d'un doux rêveur. Le dessin de Cuvillier est très précis, avec notamment un excellent maniement de l'aquarelle et un travail sur les couleurs qui varie selon les chapitres.