En 1933, la jeune Hedwig Eva Maria Kiesler (dite Hedy Lamarr) se met à nu dans le film Extase et simule un orgasme, ce qui déclenche un scandale mondial. Après un premier mariage avec Fritz Mandl, un marchand d'armes proche des nazis, la jeune femme veut quitter sa prison dorée et tente sa chance aux Etats-Unis où son physique attire les regards du patron de la MGM. Malgré une collection impressionnante d'amants et de maîtresse, Hedy Lamarr était une personne très réservée : son travail quotidien consistait à devenir une actrice de cinéma et à être "la plus belle femme du monde"; le soir, elle aimait s'installer dans un coin de son salon et travailler sur ses inventions. Elle n'avait aucune formation en électronique ou en ingénierie. Alors, comment est-il possible qu'elle ait imaginé un procédé révolutionnaire de guidage pour les torpilles, avec le compositeur expérimental George Antheil ? Tout simplement en ce souvenant d'une conversation lors d'un diner avec des officier, lorsqu'elle était encore mariée à un fabricant d’armes. Bien que le concept trouvera une application dans les applications militaires puis grand public dans les décennies à venir, l'idée de Lammarr finalement été rejetée par la Marine et n'a donc été utile lors de la Seconde Guerre Mondiale. Le désir brûlant de Lamarr était de contribuer à l'effort de guerre, ce qu'elle a fait de nombreuses autres manières.

Quelle étrange destin que celui de cette femme qui finit quasiment ruinée après avoir été adulée comme une star qu'elle était. Quatre enfants - dont un adopté-, six maris qu'elle a quittés. Tournant le dos au cinéma à quarante ans (caractère pas facile), elle finit comme serveuse dans un bar à New York dans une misère quasi-totale. Si le "système Lamarr" a posé les bases du Wi-Fi,du GPS et de Bluetooth, ele n'en retira aucun bénéfice et mourut ruinée, peu après que son génie scientifique ait été enfin reconnu. Le scénariste William Roy nous propose de redécouvrir la vie d'une actrice de l'âge d'or du cinéma à travers une biographie linéaire, de ses débuts grandiloquents à sa "retraite" extrêmement précoce. Le dessin de Sylvain Dorange assure une lecture très dynamique grâce à la construction en trois strips et à de grands aplats de couleurs. La tonalité change selon l'époque visitée, et d'une manière générale, cet ouvrage est une réussite.