Lupiac, avril 1660. Nadau, jeune ébéniste, semble peu passionné par son travail. Certains évoquent qu'il serait le fils caché de D'Artagnan, ce qui expliquerait son grand talent à l'épée. Récemment, il est tombé amoureux de la belle gitane Angélina. Évidemment, cette idylle naissante n'est pas du goût de tout le monde dans ce petit village de France très conservateur. Mais chez les Tziganes également, les hommes ont du mal à accepter qu'un étrange s'éprenne d'un des leurs. Le cousin d'Angélina prétend qu'elle lui est promise, son petit frère s'avère méchant comme jamais, autant dire que cette relation ne s'annonce pas un long fleuve tranquille. Pour ne rien arranger, Angélina a une sœur jumelle, Léane, dont Nadau ignore l'existence. Et pourtant, il les a rencontré toutes les deux s'en les dissocier, il s'est épris des deux les croyant une. La situation va rapidement dégénérer, il y aura même un mort, obligeant Nadau à fuir, en compagnie des deux sœurs qu'il finira par épouser. Le sort s'acharne sur ce triangle amoureux, bientôt accusé de meurtre, les obligeant cette fois à fuir à bord d'un bateau pour quitter la France et à partir vers Saint-Domingue. Durant cette longue odyssée, Nadau fera une très mauvaise rencontre, celle d'un pirate sanguinaire qu'il finira par repousser grâce à son art de l'épée, mais tôt ou tard, ce némésis se représentera à nouveau devant lui.

Huit après la sortie du premier tome, Gitans des Mers accueille une intégrale qui rassemble l'histoire complète. Il faut noter qu'une illustration sépare les deux parties, et qu'il s'agit du visuel qui était initialement prévu pour la couverture du tome deux. Le récit enlevé de Bonifay n'occulte en rien les douloureux faits de sociétés (intemporels) qui révoltent les trois héros. Ce récit d'aventures de pirates présente une mise en scène classique, mais les événements et les péripéties s'enchaînent à tambour battant, avec une petite touche d'humour. Le dessin de Stéphane Duval s'avère à la fois souple et intense, le très grand nombre de pages permet de centrer les cases sur les regards des personnages de manière à mieux exprimer leurs émotions ou leur peur, mais aussi de mettre en scène de belles pages de bateaux voire de batailles navales. Les couleurs ont été retouchées depuis l'édition d'origine, le rendu est moins saturé qu'autrefois, plus naturel.