Aujourd'hui, 31 octobre, trois générations de Coudrier sont réunies à la Collinière, la grande demeure familiale entourée de forêts et d'étangs, pour fêter, comme chaque année, l'anniversaire de Papigrand, le patriarche. Comme c'est aussi Halloween, Mamigrand a envoyé les petits chercher des citrouilles au potager pour les voisins américains. Mais dans le carré de cucurbitacées encore enveloppé des brumes de l'aube, il y a comme un pépin. Un homme étendu de tout son long, plein de taches rouges, silencieux. Mort. A première vue, personne ne le connaît. L'affaire pourrait donc n'être pas si grave que ça. Le problème, c'est que dans la famille, il y a au moins trois mobiles criminels possibles. Donc trois assassins potentiels. Sans compter tous les secrets qu'on n'a pas encore découverts...

Sombres citrouilles est un nouveau livre de Malika Ferdjoukh adapté en bande dessinée aux éditions Rue de Sèvres. Celui-ci n'a strictement rien à voir avec la terrible bonne humeur qui se dégage de la Vill'Hervé dans Quatre Soeurs. Ici tout n'est que mensonge. L'histoire, si elle commence sur un ton léger il faut le dire, tombe peu à peu dans une teinte plus sombres. Voici une BD jeunesse qui ne mâche pas ses mots et qui donne à réfléchir. Dans ce récit à plusieurs voix (celles des enfants et non des adultes), nous suivons donc trois assassins potentiels. Hermès est véritablement le personnage central de Sombres Citrouilles. Il est avec les petits lorsqu'on trouve le cadavre de l'homme dans le carré de cucurbitacées de Mamiegrand et il prend une décision majeur dès le début. Nous retrouvons avec plaisir le ton et l'humour de Malika Ferdjoukh, même si le récit n'étant pas si drôle que ça. Au fur et à mesure les masques tombent et avec eux, la naïveté d'Hermès et de Madeleine. Le racisme, la haine et la différence sont pointés du doigt par l'auteure, tout en restant étonnamment subtile. Le personnage de Mamigrand, qui dès le début parait froid et antipathique, est renforcée par l'histoire et donne une vision bien étonnante de cette famille Coudrier. C'est une belle ambiance polar que Nicolas Pitz nous a concoctée là, un bon divertissement tout public et une dose de nostalgie dont on ne se plaindra pas.