Léna tome 3 : Léna dans le brasier
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 24 Janvier 2020
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Développeur :
Genre :
Bande dessinée
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Non
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Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario : Pierre Christin
Dessin : André Juillard

Dans une région perdue du nord de l'Amérique, une importante conférence se déroule dans le plus grand secret, réunissant des représentants de différents pays (Iran, Turquie, États-Unis, Russie, France, Turquie, etc.) afin d'évoquer la crise qui secoue le Moyen-Orient, dont la Syrie, qui est l'objet d'enjeux géo-politiques. Les diplomates confrontent leur point de vue offrant parfois un spectacle consternant dans un monde menacé, prêt à exploser... Léna assiste à cette conférence qu'elle doit superviser, non sans mal... Dix ans après le tome 2, Pierre Christin et André Juillard se retrouvent grâce à leur personnage, Léna, qui est au cœur d'un récit d'une rare intelligence où les enjeux géopolitiques sont plus présents que jamais.

Quel observateur de son époque ! Même si les forces en présence ont changé, les ressorts humains demeurent inexorablement les mêmes. Quand paraît en 1983 — trois ans avant la Glasnost — l'extraordinaire Partie de Chasse avec Bilal au dessin, Pierre Christin situe le récit dans les sphères dirigeantes d’un univers fini (dans tous les sens du terme) conscient de son hémiplégie. Une minorité puissante, agissante, certaine de détenir l’unique vérité libératrice des peuples opprimés. Outre la soif de pouvoir, elle s’érigeait en rempart collectif contre un mal individualiste diabolisé, fantasmé. Tous sont animés par une démarche quasi christique de sacrifice pour leurs peuples respectifs. *Aujourd’hui le moindre soubresaut verbal, la moindre formulation mal comprise ou mal interprétée, le moindre événement perçu comme injuste envers un individu peut faire basculer un gouvernement par un effet d’amplification simplificateur. L’idée que l’individu surpasse le collectif triomphe. Jusqu’à l’émergence récente de l'urgence écologique. Le lecteur parie que cette idéologie, parfois dogmatique et moralisatrice, va progressivement s’imposer comme la future doctrine collectiviste à vocation salvatrice. De la planète pas des humains... Gaïa . Cet ultime épisode de Léa montre, constat clinique cru et amer, que la rationalité n’a plus cours depuis longtemps dans ce monde, fût-ce dans la diplomatie, vérolée par des intérêts personnels indépassables. La guerre plus simple, plus accessible qu'un compromis douloureux devient le consensus acceptable, caution naturelle du statu quo. Exeunt omnes Mandela et Gandhi. L’élégance du magnifique dessin d’André Juillard sied à Léna qui rayonne comme jamais. Sa grâce et son intelligence survolent ces événements avec une lenteur aussi calculée que voluptueuse, destinée à baisser la garde du lecteur avant de le sortir de sa douce torpeur en lui rappelant les réalités du monde.

VERDICT

-

Une lecture douce, aussi dépassionnée que réconfortante, Une leçon de diplomatie internationale et d'espionnage du meilleur niveau.

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