Résumé : Rodolfo était danseur de tango, disciple exclusif du mythique Maestro… jusqu’à sa rencontre avec La Mina. Peu douée pour la danse, elle a charmé le séduisant tanguero dont le talent lui a permis de briller dans la capitale argentine. Mais Rodolfo a vieilli. La Mina, elle, a gardé le même désir, la même ambition. Un nouveau faire valoir, plus jeune, lui assurerait un regain de notoriété… Elle jette son dévolu sur un danseur nouvellement débarqué et réussit à convaincre Roldolfo de l’aider à le préparer à sa rencontre avec le Maestro. Le Gran Cafe Tortoni est le lieu d’initiation rêvé. Mais le tango et l’innocence de la jeunesse ne font que rarement bon ménage.

Prenez une ville, Buenos Aires. Considérez-la comme une entité vivante riche de ses habitants, dont l’épicentre artistique serait un café. Racontez des histoires sur l’art et la culture du tango pour la magnifier et ça donne cet album doux-amer, étrange, émouvant et envoutant. Alors oui, tous les protagonistes passés et présents de cet album sont artistes. A croire qu’il n’y a pas de plombiers là-bas ! Ou alors ils réparent les lavabos au son du tango. Ce n’est pas un cliché, c’est le sujet du livre. Philippe Charlot (auteur de Bourbon Street avec Alexis Chabert et du très intéressant Les Sœurs Fox avec Grégory Charlet ) donne sa version d’une ville particulière d’un pays particulier. En effet selon un dicton (local ?) : « Les Argentins sont des Italiens qui parlent espagnol, qui se prennent pour des Anglais et qui rêvent d’être Français ». Toutes ces composantes se retrouvent, se mêlent et se respirent dans cet album. * L’atmosphère rappelle le sublime film d’Ettore Scola, Le Bal. En plus verbeux, bien sûr... Au dessin Winoc a affiné et affirmé son trait. Plus lisible, sur certaines planches, il s’essaie avec succès à l’illustration pure. Les couleurs subtiles et discrètes contribuent à l’atmosphère générale. Sur la passionnante enquête artistique (Le Postello ) qu’il a illustrée avec Hervé Richez au scénario, Winoc donnait des coups de crayon qui me semblaient aléatoires voire forcés, entravant parfois la lecture et l’intérêt de l’histoire. Ici rien de tel. Beaucoup plus de douceur dans le dessin.