La grosse princesse "Petronia" est l'héritière du trône en devenir - et pourtant bien moins connue que le Petit Prince, qu'elle déteste. Katharina Greve capture en traits réduits sa vie quotidienne sur ce qui est probablement la plus petite planète de l'espace - et libère une infinie immensité d'humour sec.

Le Petit Prince ? "Un boulet" selon sa cousine Petronia. La princesse Petronia. Celle qui a des prérogatives sur le trône, mais que personne ne connaît. Parce qu'il est tellement mignon, son petit cousin, et elle... elle est toujours grincheuse, trapue, sa posture pas très invitante, et son regard sinistre au possible. Petronia est loin de revendiquer le trône. Sa mère, la reine Pétrolia I elle-même, l'a, pour ainsi dire, enlevée - sur un minuscule morceau de pierre d'une planète. Parce que le palais est trop étroit mais l'univers est un espace infini, pour reprendre les mots de la reine mère de Petronia. "Règner", s'interroge Petronia, est curieusement un verbe faible. La seule chose qui règne sur sa planète est l'ennui. Mais pour les lecteurs, il n'est jamais évoqué : Les bons mots  avec lesquels Katharina Greve capture le quotidien inévitablement aventureux de Petronia, est un inventaire humoristique de la grisaille. La bande dessinée déploie son potentiel hilarant à travers le regard mélancolique et colérique, mais pertinent et rusé, avec lequel Petronia voit le monde. La sagesse précoce et les divagations spirituelles de la grosse princesse sont alimentées non seulement par le soleil, la lune et les étoiles, mais aussi par les impondérables de l'univers : les organismes unicellulaires avec lesquels elle partage la planète se transformeront-ils peut-être en créatures hostiles dans quelques millions d'années ? Avec quelle force doit-elle lancer une pierre dans l'espace pour la faire tourner autour de sa planète comme la lune ? En outre, la relation mère-fille, chargée de conflits, qui se révèle dans les cadeaux et les excursions, recèle également un potentiel de rire insoupçonné. C'est simplement l'ingéniosité de Greve, à l'humour sec, qui porte l'ouvrage sur tous les côtés sans épuiser la claire constellation de base. Les dessins réduits et clairement délimités font le reste. L'héroïne grincheuse de Greve se compose de quelques lignes de fond qui contiennent toute l'expression qu'elle peut exprimer en termes d'émotions : colère, ressentiment, envie, mélancolie.