Claude Gueux est une nouvelle, écrite en 1834. Cette histoire poignante contient les premières réflexions de Victor Hugo sur l'injustice sociale, réflexions qui se développeront pendant plusieurs décennies, pour aboutir à la publication des "Misérables" en 1862. C'est l'histoire d'un homme fort et charismatique, qui est condamné à cinq ans de prison pour avoir volé du pain et tenter de nourrir sa famille. Harcelé par son gardien-chef, il finit par assassiner celui-ci à coup de hache. On l'a poussé au crime, il le jure. Ses codétenus le soutiennent, mais Claude sera condamné à la peine de mort. De ce sordide fait divers et de ce procès, Hugo va faire le plus violent et le plus passionné des réquisitoires.

Comme c'est très court, nous ne pouvons pas vous donner plus de détails sans spoiler. Hugo a utilisé l'histoire d'un criminel connu pour servir de matériau à ce second récit qui s'élève contre les méfaits de la peine capitale. En effet, la présentation de Claude Gueux par Hugo pointe irrésistiblement vers l'une de ses vies postérieures comme prototype de Jean Valjean. Il offre un compte rendu convaincant et persuasif de la manière dont le sort de ces prisonniers a hanté Hugo tout au long de sa vie, et réaffirme l'importance de ce texte pour toute tentative de compréhension de la pensée politique de Hugo. Malheureusement, le roman Claude Gueux se termine sur une note peu harmonieuse. Hugo termine en adressant aux législateurs français un plaidoyer qui ne correspond pas aux problèmes qu'il a posés dans l'histoire. Mauvaise cible, mauvais contenu. Il avait peut-être des yeux plus civilisés que beaucoup à l'époque, ses arguments contre l'usage de la force ne s'enracinent pas dans un engagement fort pour la liberté et la justice. Cette adaptation en bande dessinée s'éloigne parfois du texte d'origine et ne procède à aucun ménagement, le dessin très expressif rend les protagonistes terriblement humains. Vous ne resterez pas insensible à cette intrigue.