Scénario et dessin : Matt Kindt
Couleurs : Sharlene Kindt
C'est la rencontre de John Wick et de Wes Anderson dans ce thriller mystérieux où une organisation secrète a formé l'espion parfait. Qui est l'espion parfait ? Un espion qui ne se rend même pas compte qu'il est un espion. Surnommé « l'idiot utile ». Cet idiot utile s'appelle Jay. Jay est envoyé en mission sans même s'en rendre compte. Jusqu'à ce qu'il décroche le mauvais téléphone avec les mauvaises informations secrètes et que des escadrons de la mort russes et des assassins d'élite soient à ses trousses. Mais Jay croit être un agent dormant et est vraiment « l'espion par excellence ». Son ignorance totale et son manque de capacités de survie pourraient bien être les seules choses qui le sauvent dans ce récit d'espionnage à travers le monde… où les apparences sont trompeuses… mais où… elles sont en quelque sorte ce qu'elles paraissent.
« Spy Superb », du scénariste et dessinateur Matt Kindt et de la coloriste Sharlene Kindt, ambitionne de mêler l'action de « John Wick » à l'excentricité humoristique de Wes Anderson. Le film réussit largement à offrir une délicieuse parodie d'espionnage, qui se lit comme un briefing d'une agence secrète, tel que décrit dans le numéro. Le terme « Spy Superb » est inapproprié, car l'« espion » ignore qu'il est un espion, mais est soigneusement manipulé pour obéir aux ordres de l'agence à son insu. Cela fait de la personne contrôlée une cible improbable pour les services de renseignement étrangers, car elle ne sait rien de particulier et n'est certainement pas du genre James Bond. De plus, elle est jetable. Matt Kindt se donne beaucoup de mal pour retracer l'histoire du programme et de son responsable. Et franchement, aussi extravagant que cela puisse paraître, cela paraît presque parfaitement viable. C'est aussi un excellent terrain de jeu pour l'humour, car le prochain « Spy Superbn » est un auteur en herbe qui fonde de grands espoirs sur son chef-d'œuvre et n'hésite pas à le raconter à qui l'entend. Ce pauvre type, odieux et ignorant, est un grand bavard avec un ego surdimensionné. Lorsque sa première mission tourne mal, les conséquences semblent désastreuses, mais il ne réalise pas ce qui se passe. Une comédie burlesque vient souligner l'absurdité de la situation. Cela me rappelle beaucoup la parodie humoristique de la série télévisée « Max la menace » lorsque l'auteur Jay entre en scène. Si vous avez déjà lu un livre de Matt Kindt, vous connaissez son style artistique. Dessiné à la main, brut, parfois grinçant, il est profondément attachant. Le rythme et la conception sont également savamment maîtrisés. Le séquençage est particulièrement important pour ses passages humoristiques qui, la plupart du temps, font mouche. Il n'y a pas un seul faux pas dans le livre, l'histoire avance à grands pas et on n'a aucun scrupule à se faire expliquer le monde que Matt construit. Les couleurs de Sharlene complètent les dessins de Matt avec des tons subtils et discrets qui donnent du poids aux cases parfois clairsemées. L'utilisation de couleurs monochromes pour évoquer un flashback est ingénieusement réalisée. C'est exactement le genre de livre Kindt unique et esthétique auquel on s'attend.
VERDICT
-
« Spy Superb » est une superbe parodie d'espionnage, délicieusement décalée et amusante. Ce mélange ambitieux de thriller d'action et de comédie trouve juste ce qu'il faut pour captiver les lecteurs et les inciter à en savoir plus. Le volume offre tout ce qu'il faut savoir sur l'espion qui ignore qu'il est un espion et sur toutes les manigances à venir. Une parenthèse bienvenue dans les comics à cape et à cagoule avec cette comédie d'espionnage subversive.