Transposer une histoire du monde du jeu au monde du manga est un défi complexe, mais Dark Souls Redemption montre que cette transition peut être réussie. Le manga, basé sur la célèbre série de jeux vidéo Dark Souls, conserve l'atmosphère sombre et complexe qui a fait la renommée de la franchise. Avec plus de 35 millions d'exemplaires vendus dans le monde, Dark Souls a établi une nouvelle norme pour les jeux de rôle et d'action, caractérisés par une jouabilité stimulante et une narration profondément mystérieuse due au génie créatif de Hidetaka Miyazaki. La série Dark Souls, développée par FromSoftware, est un chef-d'œuvre de narration cryptique et profonde, racontée à travers des décors évocateurs, des dialogues fragmentés et des descriptions d'objets qui enrichissent l'histoire. L'histoire du monde de Dark Souls commence à une époque où seuls les dragons éternels existaient et où le monde était enveloppé d'une brume grise. Cette situation a changé avec la découverte du premier feu, qui a introduit des contrastes tels que la chaleur et le froid, la vie et la mort, la lumière et l'obscurité. L'intrigue se concentre précisément sur le cycle perpétuel de cette dernière paire. Chaque fois que le feu s'affaiblit, un mort-vivant est appelé à s'embarquer dans un voyage pour empêcher les ténèbres de régner sur le monde.  Le manga Dark Souls Redemption se déroule dans le même univers sombre et oppressant que les jeux vidéo. Bien qu'il présente une nouvelle histoire et de nouveaux personnages, il reste fidèle aux thèmes, à l'atmosphère et aux éléments narratifs caractéristiques de la série de FromSoftware. Il reprend les thèmes principaux de la série avec des personnages qui tentent d'échapper à leur corruption inévitable ou de trouver un but dans un monde en décomposition.  Plus précisément, l'intrigue de Dark Souls Redemption tourne autour d'une femme sans nom qui se réveille à l'intérieur d'un monument funéraire, dépourvue de tout souvenir de son passé. Dans un monde dévasté, éclairé uniquement par les cendres mourantes d'un bûcher, la protagoniste est hantée par la Guilde des Gardiens d'écailles, que nous rencontrons au cours d'un bref Prologue. À l'extérieur du monument funéraire, on découvre ce qui semble être un cimetière. C'est là qu'un mystérieux et imposant individu, Eudo, propose son aide en cas de danger. Il s'avère par la suite que cet homme est lié par un serment magique qui l'empêche de révéler à la jeune fille la vérité sur son passé. Ce postulat capture parfaitement l'essence de Dark Souls, avec une histoire qui se dévoile lentement et invite le lecteur à déchiffrer les nombreuses énigmes qui jalonnent le parcours. La narration est pleine de rebondissements et de moments de tension qui maintiennent l'attention et l'intérêt du lecteur.

Dark Souls Redemption se rattache profondément à la série de jeux vidéo Dark Souls par son atmosphère, ses thèmes, ses personnages et ses environnements. Tout en introduisant une nouvelle histoire, le manga respecte et reflète l'essence des jeux, offrant aux fans une nouvelle perspective sur le monde sombre et complexe créé par Hidetaka Miyazaki. La narration fragmentée et l'invitation à l'interprétation personnelle font du manga une extension naturelle de l'univers de Dark Souls, maintenant vivante la lutte épique contre le destin et les ténèbres. La direction artistique du manga a été confiée à Shonen, dessinateur et illustrateur autodidacte connu pour son style détaillé et évocateur. Shonen a exprimé sa grande admiration pour la direction artistique des jeux FromSoftware, et son travail dans Dark Souls Redemption reflète cette influence. Chaque page est remplie de détails méticuleux qui capturent l'atmosphère sombre et décadente du monde de Dark Souls. Les illustrations en double page sont particulièrement impressionnantes, évoquant un sentiment d'immensité et de désolation bien connu des joueurs qui se sont aventurés dans les cartes des titres de FromSoftware. Le souci du détail ne se limite pas aux environnements, mais s'étend également aux personnages et aux créatures, rendant chaque scène visuellement captivante et immersive. Shonen a une longue carrière dans le manga et a collaboré à de nombreux projets à succès. Son style se caractérise par un souci obsessionnel du détail, comme mentionné plus haut, et une capacité unique à transmettre des émotions à travers l'art. Dans Dark Souls Redemption, Shonen a réussi à transposer sur papier la même intensité et la même profondeur que les joueurs ont ressenties dans les titres de Miyazaki. Le scénario a été confié à Julien Blondel, connu pour sa capacité à tisser des histoires complexes et captivantes. Blondel a su adapter l'univers sombre et complexe de Dark Souls au format manga. Le scénario de Dark Souls Redemption témoigne d'une profonde connaissance et d'un grand respect pour l'œuvre originale de Hidetaka Miyazaki, tout en conservant intacts les thèmes du mystère, de la rédemption et du sacrifice qui caractérisent la franchise. Blondel s'est efforcé d'enrichir l'histoire de nouveaux personnages, réussissant ainsi à créer une œuvre qui se distingue par sa profondeur et sa capacité à intriguer les lecteurs par des rebondissements et des mystères bien rythmés.

La narration de Dark Souls Redemption se distingue par sa complexité et sa profondeur. Contrairement au jeu vidéo, où l'histoire est fragmentée et souvent cachée dans ce que l'on appelle le Lore, le manga propose un récit plus structuré, qui se dévoile progressivement à travers les yeux du protagoniste. Ce choix narratif permet d'approfondir l'exploration du monde de Dark Souls et de ses mystères. La protagoniste, d'abord fragile et désorientée, évolue au fur et à mesure qu'elle retrouve ses souvenirs. Son voyage est accompagné par des personnages énigmatiques comme Eudo, dit le Renégat. Ce personnage, bien que lié par un serment, fait preuve d'un profond sens de la loyauté et du sacrifice, défendant la protagoniste dans toutes les situations. Les gardiens d'écaille sont des antagonistes complexes qui ajoutent de la profondeur à l'intrigue. Ce ne sont pas de simples méchants, mais des personnages honorables qui ont le sens de la mission et du respect, ce qui a suscité beaucoup de curiosité chez nous, lecteurs. Leur interaction avec le protagoniste et le Renégat crée une dynamique intéressante qui enrichit le récit et crée des attentes pour la suite de l'histoire. Dark Souls Redemption explore les thèmes de la rédemption, du sacrifice et de la mémoire. La lutte de la protagoniste pour retrouver ses souvenirs et découvrir son passé est une métaphore de la quête d'identité et de sens dans un monde en ruines. La présence constante du danger et de l'inconnu crée une atmosphère de tension et de suspense qui tient le lecteur en haleine. Comme dans le jeu vidéo, le protagoniste n'est jamais complètement en sécurité. Le danger est toujours au coin de la rue. Le décor est rendu avec une précision artistique, transmettant un sentiment de beauté décadente. Chaque planche est une œuvre d'art qui invite le lecteur à s'immerger totalement dans le monde. La combinaison de la narration visuelle et écrite crée une expérience immersive qui va au-delà de la simple lecture.

Dark Souls Redemption s'inspire fortement des atmosphères et des thèmes typiques des jeux vidéo pour créer une toute nouvelle œuvre, divisée en plusieurs volumes. Le premier volume se compose d'un prologue, de cinq chapitres et d'une section finale contenant de magnifiques dessins conceptuels. Ces éléments supplémentaires enrichissent encore l'œuvre, offrant aux lecteurs un aperçu des coulisses de la création du manga. C'est précisément dans le recueil final que l'on devine que les créatures envisagées seront nombreuses, bien pensées et s'inspireront de l'univers des jeux vidéo. L'une des critiques formulées à l'encontre du manga concerne la rapidité avec laquelle l'intrigue progresse. La narration en dents de scie et les dialogues courts et concis peuvent ne pas être appréciés par tous les lecteurs, notamment ceux qui sont habitués à la narration plus lente et plus interprétative typique des jeux FromSoftware. Néanmoins, ce choix stylistique contribue à maintenir un rythme soutenu qui maintient l'attention, ce qui en fait un choix vraiment appréciable. Mais ce qui nous a pleinement convaincus, ce sont les dessins. Les planches de Shonen sont sans aucun doute le fleuron de ce manga : extrêmement détaillées, dans un style Miyazaki parfait. Les atmosphères et les structures imposantes qui caractérisent les paysages sont tout aussi évocatrices des zones les plus emblématiques de Dark Souls. Le design des personnages, des vêtements froissés du protagoniste au mystérieux protecteur aux yeux bandés, apparaît soigné et en adéquation avec le contexte. Le travail du scénariste nous a donc semblé particulièrement impressionnant, témoignant du soin maniaque à ramener des détails stylistiques de la série dans le manga, sans jamais en dénaturer l'essence.