Olympia Kyklos est une série toujours en cours de parution au Japon et qui a connu sept tomes aux éditions Shueisha. Démétrios est un décorateur de vases timide et maladroit qui aime nager avec les dauphins. Il est amoureux de la petite amie de son meilleur ami, Apollonia, et malgré son physique bien équilibré, il déteste le sport et la compétition. Afin de sauver sa petite ville et Apollonia elle-même, il sera contraint de se mesurer au champion d'une autre ville. La nuit précédant la compétition, Démétrios panique et se cache dans une amphore géante. Là, à cause d'un éclair (divin ?), il est téléporté dans le Tokyo de 1964, qui se prépare pour les Jeux olympiques. À l'instar de Thermae Romae, Olympia Kyklos utilise le même stratagème narratif : un bel Européen voyage dans le temps d'une manière peu conventionnelle pour changer radicalement sa vie. En reliant la Grèce antique au Japon de 1964, Démétrios apprendra la beauté de l'athlétisme et de la compétition. Un paradoxe temporel après l'autre, Démétrios va s'améliorer et améliorer sa ville. Un garçon désemparé qui parvient à se faire comprendre bien qu'il ne porte pas de vêtements et ne parle pas japonais, il apprendra à ses dépens à être meilleur.

Dans la ville culturelle d'Athènes, Démétrios rencontre le philosophe Platon. Platon déteste l'art, mais il est ému par "L'oiseau de feu : l'arc du Phoenix" d'Osamu Tezuka, et se rend vite compte qu'il y a un message de justice dans ce "mouvement". Et maintenant, Demetrios a dérivé vers l'année 2020, où il rencontre ... un catcheur ! La lutte professionnelle est connue au Soleil Levant par la contraction "puroresu". De retour d'un de ses habituels voyages dans le temps, Demetrios illustre la fascination de la discipline à nul autre que Platon, la décrivant comme l'union de la lutte et du théâtre. Ils improvisent même un véritable match, dans le but "d'initier même les non-lecteurs à la dialectique". Exceptionnellement, c'est précisément le philosophe grec qui jouera le rôle du heel, en jargon technique le méchant de la situation : un affrontement passionnant pour le public venu assister au combat, à l'issue duquel Demetrios l'emporte grâce à un dropkick.  En ce qui concerne Mari Yamazaki et ses mangas historiques, il faut admettre que la maîtrise du médium par l'auteur est certainement plus solide que par le passé : par rapport à il y a quelques années, les hachures sont plus nettes et plus propres (même si cet aspect a peut-être entraîné une légère perte de personnalité du dessin), et la progression narrative est également plus fluide et continue. Il faut également apprécier sa nature semi-autobiographique, visualisée dans l'hommage récurrent à Osamu Tezuka qui consolide en quelque sorte la participation de l'auteur à son propre travail.