Quelques mois après mai 68, quelques intellectuels en bonne situation professionnelle et financière, "établis", militants de gauche (extrême) décident de se faire embaucher à l'usine, pour fomenter la révolution de l'intérieur. Parmi eux, Robert Linhart, philosophe normalien, dont c'est l'histoire. La volonté de l'usine de revenir sur les accords de mai lui donne l'occasion de mobiliser les ouvriers. Le suivront-ils ?

Ce film est donc basé sur une histoire vraie. Il est plutôt bien fait même s'il n'évite pas les clichés : les conditions de travail inhumaines de la chaîne, les tensions et solidarités entre ouvriers, ceux qui veulent que les choses changent quitte à tout perdre et ceux qui ont des bouches à nourrir, qui acceptent leur sort mais qui n'en peuvent plus de cette impression de trahir "la cause", ceux qui veulent simplement qu'on leur foute la paix, le patron évidemment présenté comme le vilain retors, le service de sécurité fait maison etc...ce qui nous a gêné dans ce film c'est le manque de répondant et de force de convicton de ce type ultra diplômé, qui devrait pouvoir opposer son érudition à l'oppression de son patron, c'est difficile de faire le révolutionnaire quand on est un taiseux et de fait, il n'arrive à rien. On ne voit pas grand chose non plus de la cause militante de Robert que l'on trouve bien seul dans ce combat. Où sont passés ses acolytes, même s'ils sont dans une autre usine ? Ne se réunissent-ils jamais ? Cet aspect là est clairement laissé de côté. Au final, ce sont ceux qui ne se posent pas de questions, qui "enchainent" - c'est le cas de le dire-, qui s'en sortent le mieux, le "fils de roi" et Robert finissant eux, à Sainte Anne...on a vite fait de conclure à la victoire des imbéciles heureux et à la fragilité des nantis. La prestation de Swann Arlaud est discutable, certaoins jugeront son regard rempli d'humanité, d'autres assez inexpressif. Olivier Gourmet fait une apparition en syndicaliste CGT, il est très bien comme d'habitude.