Le dur à cuire Max Borlund (Christoph Waltz) est un chasseur de primes fiable et professionnel qui accomplit son travail avec des résultats très satisfaisants. Arrivé au Mexique pour capturer Elijah, un soldat noir déserteur accusé d'avoir enlevé l'épouse blanche d'un riche homme d'affaires de Santa Fe, il croise le chemin d'une de ses vieilles connaissances en prison : Joe Cribbens (Willem Dafoe), un joueur émérite qui s'est retrouvé là sous l'accusation d'être un voleur de chevaux et qui est sur le point d'être libéré après cinq ans d'emprisonnement. Après s'être juré de se revoir pour se défier, les deux hommes se séparent et Borlund poursuit sa mission, escorté par un habile tireur noir. En chemin, en plus de capturer les deux fugitifs, l'homme découvrira que la dynamique des faits qu'on lui a racontés est bien différente, et en chemin il devra affronter le célèbre propriétaire terrien mexicain Tiberio Vargas (Benjamin Bratt), qui le prend pour un chercheur d'or, et lui réclame la moitié d'un butin qui n'existe pas en réalité.

Le retour "en selle" d'un grand auteur, scénariste et réalisateur culte comme Walter Hill, qui revient avec un nouveau western, genre auquel le cinéaste a tant donné tout au long de ses cinquante ans de carrière, est une nouvelle qui ne peut que réjouir. Le fait que Dead for a dollar s'avère être un grand western est une nouvelle réconfortante et enthousiaste. Hill s'entoure d'un casting qui comprend les bien nommés visages de charogne de Christoph Waltz et Willem Dafoe (tous deux formidables), et y brode une histoire de cupidité, de ruse et de misère qui mûrit au fur et à mesure que le récit se déroule, dévoilant progressivement des personnages et des points de vue psychologiques très intéressants. D'abord celle de l'épouse officiellement kidnappée par le déserteur, qui cache la figure tenace d'une femme fière et non seulement belle (elle est interprétée par une fantastique Rachel Brosnahan au visage de nacre, vue récemment dans L'ombre des espions, La dernière tempête, et Boston - Manhunt, et que l'on espère revoir bientôt dans d'autres contextes et d'autres productions), exploitée par un mari cupide et indigne qui détient dans chaque pore de son corps une bonne raison d'être abandonnée. Mais le film de Hill, qui porte déjà un titre exceptionnel que le maître inégalé et idole Sergio Leone apprécierait, est en effet un film bien tourné, avec des fusillades et des scènes d'action bien rythmées, des arrière-plans ouverts qui traduisent l'immensité de la nature américaine en images exaltées, et quelques plans cultes. Dans l'un d'eux, lors du duel final entre les deux protagonistes, le personnage de Christoph Waltz est filmé de bas en haut à travers les jambes écartées de Willem Defoe au moment de tirer : un moment de cinéma solennel qui atteint des sommets mémorables.