Banel & Adama
Plate-forme : DVD
Date de sortie : 19 Mars 2024
Résumé | Test Complet | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
film
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


7.5/10

Réalisé par Ramata-Toulaye Sy.

Dans son premier long métrage, la jeune réalisatrice franco-sénégalaise Ramata-Toulaye Sy (1986) nous présente une histoire d'amour entre Banel et Adama (interprétés par Khady Mane et Mamadou Diallo, tous deux d'origine sénégalaise). Ce choix combiné au lieu de tournage du film, le Futa, au nord du Sénégal, à la frontière avec la Mauritanie et sur les rives du fleuve Sénégal, constitue une base solide pour un récit dans le meilleur des traditions orales africaines. Les histoires se racontent et surtout se transmettent et ce n'est pas sans signification que le film commence par une histoire aussi transmise. L’histoire d’amour au cœur du film est en quelque sorte intemporelle. Cette intemporalité est soulignée par le transfert des valeurs traditionnelles des personnes âgées vers les jeunes, un fort attachement à la foi et, surtout, le contexte dans lequel se déroule le film, dans un village du Sahel en proie en permanence à une une énorme sécheresse qui, au début, fait mourir le bétail, mais peu à peu les villageois en souffrent également. Le premier mari de Banel, Yero, est décédé des suites d'un accident. La tradition veut que le frère aîné, Adama, du premier homme épouse la veuve. Cela fonctionne bien dans ce cas car Banel et Adama ont toujours été amoureux l'un de l'autre. Le début du film peint la fraîcheur de cet amour dans des couleurs vives et joliment contrastées et ressemble à un conte de fées qui commence, pour ainsi dire, par les mots « … et ils vécurent heureux pour toujours… ». Malheureusement, rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité.

Cet amour heureux se développe de plus en plus de manière difficile. Banel tente d'échapper à tous les devoirs imposés aux femmes par la communauté villageoise. Elle ne veut pas se comporter de la sorte, mais la pression exercée sur elle et sur Adama laisse toujours des traces. Par exemple, elle est accusée de ne pas avoir donné à son mari de descendance mâle après un an de mariage. Elle poursuit de manière obsessionnelle l'illusion selon laquelle elle doit déterrer les maisons à l'extérieur du village qui ont été ensablées par les tempêtes de sable et y vivre avec Adama, loin du village. Adama, quant à lui, sent lourdement sur ses épaules la responsabilité de la survie du village et du petit bétail. Visiblement, le spectateur voit une brouille se développer entre Banel et Adama. Il devient de plus en plus difficile pour Banel d'évoquer chez Adama la passion qui existait autrefois entre eux. Le spectateur a déjà tellement appris des facteurs environnementaux qu'il se rend vite compte que le mal ne réside pas dans la détérioration des conditions climatiques, mais dans les humains. L’homme qui était autrefois souverain et libre est devenu « … chair, sang, mal, toujours mal, et sous mes yeux le monde s’effondre… ». Il n’est pas très difficile de supprimer ce mal du film. Le symbolisme des couleurs fraîches du début aux couleurs fanées et aux choses laides à la fin (par exemple les vaches mourantes) en est une représentation intelligente. L'ambition de Ramata-Toulaye Sy est de filmer une histoire d'amour féerique, magique et réaliste. Le film donne une image différente. Adama se bat-il pour l'amour de Banel ? Les tempêtes de sable et la sécheresse sont-elles vraiment les symboles d’une approche magique et réaliste ?

VERDICT

-

"Banel & Adama" contient de belles images, mais le cœur du film où la laideur l'emporte, est bien plus puissant que la passion qui se tarit entre Banel et Adama. Nous attendrons avec intérêt d'autres travaux de cette jeune réalisatrice, bien qu'elle ait déjà indiqué qu'elle ne tournerait plus en Afrique. Et c'est bien dommage.

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