Il était coupable, sans l'ombre d'un doute. Il le savait. Il l'avait pour ainsi dire su toute sa vie. Il avait senti, en tout cas, qu'il n'était pas en règle, que quelque chose clochait, ne tournait pas rond, quelque chose contre quoi il luttait plus ou moins consciemment. Un peu comme s'il avait nagé de toutes ses forces dans un courant violent pour atteindre un but invisible, la terre ferme, ou une ile, ou simplement un radeau. Paris, fin des années 1970. Jules Maugin est un « monstre sacré » du théâtre et du cinéma. Il approche de la soixantaine et se sent épuisé par cette vie d'artiste qu'il a brulé : par ses nombreuses aventures amoureuses, le rythme Parisien et son abus de l'alcool. Il semble pourtant offrir toutes les apparences de la réussite : la notoriété, l'argent, la considération mais c'est un homme tyrannique avec son entourage, parce qu'il est profondément seul. Jules apprend du médecin qui l'examine qu'il ne lui reste plus longtemps à vivre... Il va alors plonger dans ses souvenirs, ses regrets et ses remords afin d'apaiser son angoisse de la mort qui le ronge.
Adapté librement d’une œuvre de Simenon, le film, Les Volets Verts, retrace la vie d’un vieil acteur au sommet de sa gloire. Cet acteur, joué magistralement par Gérard Depardieu, révèle un homme aigri, déçu pour qui la vie ne semble pas offrir de bonheur ou plus rien n’a d’importance. L’amour, même s‘il tente de s’y accrocher, il n’y croit plus. L’amitié, peut être, seule lui ouvre des moments de joie. Cet homme s’accroche à son passé, s’évade mais jamais ne se remet vraiment en question. Au contraire, il s’enfonce, s’enlise. Au côté de Gérard Depardieu, gravitent des comédiennes et des comédiens tous excellents : Fanny Ardant rayonnante, Anouk Gringerg touchante, Benoît Poelvoorde attendrissant. Ils sont tous merveilleux de justesse, de finesse et d’authenticité. Mais la palme revient à Stéfi Celma, la jeune souffleuse. Elle irradie l’écran et son jeu est juste, sensible, sincère et rempli d’émotion. Les références sont nombreuses : notamment Barbara avec qui Gérard Depardieu a chanté et pour qui il a nourri une grande amitié. N’oublions pas une mise en scène soignée par Jean Becker, réalisateur de L’été Meurtrier. Néanmoins, le film reste agréable mais sans prétention. On a de l’empathie pour cet acteur, on ne s’ennuie pas mais il manque un petit quelque chose qui nous ferait frémir, qui nous donnerait envie d’aller plus loin. Gérard Depardieu est cet acteur au crépuscule de sa vie, seul et aigri. Il ne joue pas, il est lui même. Il nous invite dans ses rêves, ses souvenirs entre Paris et le Côte d’Azur. On l’accompagne, on pourrait le comprendre. Ce film se regarde comme le livre d’une vie, celle d’un acteur hors pair qui a marqué le cinéma français.
VERDICT
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Un portrait d'un immense acteur ou sont abordés les thèmes de l'amour, la solitude, l'alcoolisme et la peur de la mort. Un récit sur le mal-être des artistes, qui semblent tout avoir mais qui sont souvent profondément seuls et malheureux.