Tian Fushi est un jeune homme gay vivant dans la « petite » ville de Haimen. Il pourrait être bon dans ce qu’il fait mais il semble se complaire dans la paresse, dans les soirées arrosées et dans la débauche. Cela cache en réalité des peurs profondes. Le ton est d’ailleurs donné dès la première phrase « A Haimen, les mecs ont peur de se tromper mais ils ont surtout peur de ne pas être heureux »… Dans une temporalité un peu débridée, Tian Fushi dévoile des épisodes de sa vie puis y revient plus en détails, révélant petit à petit ses angoisses qui le taraudent. La peur d’être seul et surtout de finir seul, la peur du futur encore inconnu et du passé déjà condamné. Immobilisé par ses craintes, il se croit coincé à Haimen. Il tente alors de remplir un vide en roulant toute la nuit avec des "amis jetables".

De nombreux personnages secondaires gravitent autour de Tian Fushi, reflétant ses propres peurs. On pense particulièrement à Chen, un homme gay plus âgé. Alors que Tian Fushi se retrouve face à la peur de cet homme, il se rend compte qu’il est le miroir de sa propre peur et se trouve bien incapable de lui apporter du réconfort. Est-il un artiste incompris de l'industrie du manga, un citoyen dépravé de la Chine pornographique, un jeune gay égaré dans un monde ultraviolent, un garçon perdu de Peter Pan ? Le graphisme très proche du film d'animation est d'une modernité rafraîchissante, les couleurs véhiculent parfaitement les émotions et le mouvement lui aussi est rendu superbement. Un ouvrage au trait psychédélique étonnant.