Le « Black Label » prouve encore une fois qu'il est le foyer de la créativité et de l'originalité. Cette fois, c'est l'histoire d'un autre Gotham dans un autre univers. 1939 est venu frapper à la porte et l'histoire récente a battu les pauvres gens de Gotham. Ils ont survécu à la Grande Guerre, aux années folles, à la Grande Dépression... et maintenant la guerre pour mettre fin à toutes les guerres se profile à l'horizon. Au centre d'une série de crimes, Batman en arrive à la conclusion que leur principal suspect dans chaque cas est décédé. Le seul allié du justicier masqué étant le détective James Gordon du département de police de Gotham City, les deux détectives doivent découvrir qui sont ces « criminels réanimés » et comment les arrêter.

Ce nouveau titre du Black Label nous plonge dans le Gotham de la fin des années 30 miné par les conséquences de la grande dépression et alors que la guerre s'annonce de l'autre côté de l'Atlantique. Face à l'assassinat sauvage d'individus haut placés de la ville, la police corrompue est impuissante malgré tous les efforts du commissaire Gordon. C'est alors que des rumeurs courent au sujet d'une étrange et effrayante chauve-souris qui viendrait tenter d'intervenir. L'histoire de Dan Jurgens n'invente en rien mais offre à retrouver un Batman plus humain et porté sur l'enquête, ce qui fait du bien au sein de la production actuelle sur le personnage, et retranscrit très bien cette ambiance des États-Unis de la fin des années 30 où le crime règne en maître. Le scénariste reprend avec succès les ingrédients classiques : assassinats, trafics, prostitution, xénophobie, 9ème art... Il écrit également très bien un Batman - Bruce Wayne débutant et commettant des erreurs, tout en reprenant des situations iconiques du personnage. Sauf que cette fois, nous sommes dans un Gotham sans Alfred pour tempérer le jeune Bruce Wayne. Aucun soldat familier pour lui donner une structure dans ses premières années. Au lieu de cela, nous tombons sur une synagogue locale et un rabbin qui est impatient de discuter des implications morales d'un Bat-Man à Gotham. Le duo Mike Perkins - Mike Spicer (aux couleurs) se montre idéal pour cette ambiance glauque, sombre et violente. Le dessinateur régale de ces trognes et soigne ses décors quand le coloriste démontre, à nouveau, qu'il est l'un des meilleurs ! Batman a ses gants violets et sa voiture rouge emblématique qui existaient avant la Batmobile. Il utilise des bâtiments autour de Wayne Manor à la place de la Batcave. Les bandes dessinées présentent des personnages tels que Jim Gordon et Julie Madison, qui étaient en fait des personnages récurrents dans les histoires de 1939 avant que Dick Grayson et Alfred Pennyworth ne soient introduits dans les années 1940. Une très bonne lecture !