1991. C'est une douce nuit d'été indien dans la petite ville de Lowell, dans le Massachusetts. Deux adolescents amoureux sont assis sur un pont ferroviaire au-dessus de la rivière, les pieds pendus sur le bord, discutant de tout et de rien et volant des baisers, jusqu'à ce qu'il la raccompagne chez elle et lui dise bonsoir. C'est un scénario assez innocent - et un peu cliché - qui se termine sur une note pressante: elle n'avait aucune raison de penser qu'ils venaient de passer leur dernière nuit ensemble. La fille sait peu de choses, mais au moment où elle se prépare à aller se coucher, son petit ami rentre chez lui le long de la rivière et est emporté dans un tragique accident. Une voiture plonge d'un pont dans les profondeurs obscures de la rivière Concord, rappelant l'incident de Chappaquiddick survenu en 1969, impliquant Ted Kennedy et une passagère. Les cris d'une femme percent le silence de la nuit. Le garçon abandonne son sac à dos et sa veste au bord de la rivière et n’est plus jamais vu ni entendu. C'est le prologue de Sous la surface, le thriller de Martin Michaud, un astucieux récit qui mêle l'histoire tragique de deux jeunes amoureux à un réseau d"intrigues qui risque de faire dérailler la course à la présidence des États-Unis. À première vue, vous pourriez être tenté de considérer ce roman comme un simple thriller politique, mais dès que vous plongez dans l'intrigue, vous découvrez rapidement des profondeurs cachées sous la surface.

Vingt-cinq ans se sont écoulés. Leah Hammett, une ancienne mannequin devenue une romancière reconnue mais qui souffre du syndrome de la page blanche, travaille comme rédactrice de discours pour le principal candidat à l'investiture démocrate, Patrick Adams, qui n'est autre que son mari. Leah a du mal à surmonter sa peur de l'avion alors qu'elle se déplace d'un bout à l'autre du pays avec l'équipe de campagne et une foule de journalistes. C'est la veille du Super Tuesday et l'enjeu n'a jamais été aussi grand quand la campagne électorale ramène Leah dans la ville natale où elle a tourné le dos il y a des années. La dernière chose dont elle a besoin, c'est donc de recevoir un texto inquiétant. Leah est un personnage complexe. Profondément mal à l'aise avec les autres, elle prend peu à peu confiance en elle, affiche son visage en public et fait ce qu'elle a à faire. Mais dès que la façade s'effondre, son alter ego se dessine et Leah, calme et froide, cède la place à Lee, introspective et obstinée, qui préfère se cacher derrière un clavier que de rester sur la scène en souriant et en s'agitant. L'adaptation du texte en bande dessinée a été réalisée par Gihef très actif chez Kennes ces derniers temps, tandis que le dessin est signé Marco Dominici (Succubes chez Soleil). Le trait s'avère dynamique et restitue très bien le climat pesant de l'ouvrage. A noter que cette adaptation devrait faire deux tomes.