Basé sur le moteur Unity, Football Manager 26 réinvente l'héritage du football ... ou du moins il essaye.
Des hauts et des bas.
Après l'interruption forcée et l'annulation de FM25, Sports Interactive se devait d'envoyer un message fort : oui, le jeu de gestion de football le plus populaire au monde peut se réinventer. Football Manager 26 est né précisément dans ce but : un nouveau moteur ( Unity ), une interface utilisateur repensée, l'introduction du football féminin , une présentation des matchs plus soignée et une structure tournée vers l'avenir plutôt que vers le passé. C'est un FM qui affirme clairement : « Désormais, voilà comment on procède. » Le problème, c'est que malheureusement, la vision précède le produit . On se retrouve aujourd'hui avec un FM très intéressant sur le plan conceptuel, mais incomplet sur le plan pratique : certaines choses ont été améliorées, d'autres supprimées, et d'autres encore ne sont pas suffisamment abouties. C'est un épisode classique où la série place la barre plus haut, mais au prix de quelques déceptions chez les fans de longue date. Le changement le plus visible est la nouvelle interface « portail » : fini le menu latéral interminable ! Chaque section du club est désormais présentée sous forme d'onglet avec données, graphiques, astuces et accès rapide. L'idée est bonne : moins de clics, plus d'informations directement accessibles. Le problème, c'est que FM regorge déjà d'informations, et les afficher toutes au premier plan risque d'obtenir l'effet inverse. Et c'est précisément ce qui se produit : l'interface est plus moderne, mais moins lisible. Les contrastes ne sont pas toujours réussis : certaines polices font trop « mobile », certains écrans rappellent trop les versions console/portables. Les joueurs venant de FM24, voire de FM23, devront se réhabituer à l'interface et auront souvent l'impression de devoir chercher plus loin pour retrouver la même information qu'auparavant. C'est une interface qui annonce une « nouvelle direction », mais en l'état, c'est plus une ébauche qu'une version aboutie.
Pour compliquer les choses, on retrouve les bugs habituels des débuts sur un nouveau moteur : textes qui se chevauchent, icônes qui disparaissent et fenêtres qui s’ouvrent inopinément. Rien de rédhibitoire, certes, mais dans un jeu qui repose à 90 % sur la lisibilité, même un petit problème devient vite agaçant. Le point positif du passage à Unity se situe sur le terrain . Les matchs sont plus dynamiques, les animations plus fluides, les mouvements sans ballon plus réalistes et les vues du stade plus proches d'une retransmission télévisée que d'un jeu de gestion de 2015. Les matchs nocturnes sont plus immersifs, le public moins caricatural et les ralentis enfin plus convaincants. On n'est évidemment pas au niveau d'EA FC, mais pour FM, c'est un progrès notable . Le revers de la médaille est technique : le nouveau moteur est plus gourmand en ressources. Avec des bases de données très volumineuses ou de nombreux championnats actifs, on constate des ralentissements dans les simulations, de légers gels d'écran et, globalement, l'impression que le jeu aurait bénéficié de quelques mois de peaufinage supplémentaires. C'est le prix à payer pour ce changement de génération, mais c'est un prix à payer tout de même.
Tactique plus profonde, flux plus lent.
L'une des nouveautés les plus intéressantes est la distinction « Avec/Sans possession » : vous pouvez configurer une équipe qui se projette jusqu'à trois joueurs, occupe le milieu de terrain, presse les latéraux… et qui, lorsqu'elle n'a pas le ballon, se réorganise en un 4-4-2 compact ou un 5-4-1 défensif. C'est exactement le type de flexibilité qu'exige le football moderne, et FM26 est en avance sur son temps : l'IA adverse anticipe mieux vos choix, module son pressing, réduit les espaces et vous oblige à réfléchir. Le problème, c'est que l'interface tactique est l'une des plus chargées du jeu, et pour un nouveau joueur, elle peut vite devenir un véritable casse-tête. C'est comme si toutes les options de personnalisation et d'activation avaient été déversées sans le moindre filtre. Les joueurs expérimentés y trouveront leur compte ; les débutants, en revanche, risquent d'être complètement perdus. Et surtout, tous ces détails ralentissent considérablement la progression : entre les conseils des modérateurs, les notifications et les micro-ajustements, il est très facile de se rendre compte, une fois la partie terminée, qu'on a joué trois parties en quatre heures. L'autre point fort de FM26 est l'intégration du football féminin . Non pas comme un mode séparé, mais au sein du même écosystème : clubs, staff, budgets, transferts, développement. Un choix judicieux, fidèle à la réalité, et audacieux car il implique la gestion d'effectifs, de calendriers et de règles différents. Au lancement, l' offre reste toutefois limitée : 14 championnats dans 11 pays, des licences parfois incomplètes et des carrières plus courtes et moins étoffées que celles des hommes. Il est clair qu'il s'agit d'une première étape, et non de la version finale.
De même, c'est au niveau de la partie internationale que la différence entre les différentes versions est la plus flagrante : dans celles qui incluent les licences FIFA, gérer une équipe nationale ou participer à la Coupe du Monde avec la présentation officielle complète est un véritable atout ; en revanche, dans les versions où cette fonctionnalité n'est pas encore pleinement opérationnelle, on ressent un manque par rapport aux éditions précédentes. C'est un parfait exemple de ce qu'est FM26 aujourd'hui : certains aspects sont en avance sur leur temps, d'autres sont en retrait par rapport au passé. Et puis, il y a les absences . Certains outils utilisés depuis des années par les joueurs – le onze de départ historique, certaines visualisations de passes et de chaleur, des résumés d'avant-match plus rapides – sont absents ou réduits . Pour certains, ce ne sera qu'un détail ; pour ceux qui font de longues parties et aiment suivre l'évolution de leur équipe, c'est une véritable perte d'identité. Même les interactions, malgré la nouvelle interface, deviennent vite répétitives : après quelques discussions, on laisse tout à l'assistant car les réponses reviennent aux mêmes, affichées dans des fenêtres plus grandes. Les assistants , entre autres, sont plus proactifs mais aussi plus intrusifs : ils modifient votre équipement, vous inondent de rapports sans intérêt et vous proposent des listes de surveillance interminables. Il est clair que le jeu vise à faciliter l'accès à l'information pour les nouveaux joueurs, mais le résultat est que les vétérans doivent redoubler d'efforts pour les faire taire. En bref, FM26 a tout ce qu'il faut pour moderniser véritablement les futurs opus de FM : un nouveau moteur, des journées de match plus réalistes, le football féminin, une volonté de développer les compétitions internationales et une interface utilisateur qui pourrait être améliorée . Mais pour l'instant, sans plus d'informations, c'est un chapitre qui exige de la patience. Si vous jouez à FM24 et que votre carrière vous apporte encore satisfaction, vous pouvez attendre la version corrigée. En revanche, si vous souhaitiez voir « où va la série », FM26 vous l'indique clairement.

VERDICT
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Football Manager 26 est l'épisode de transition dont Sports Interactive avait besoin tôt ou tard. Il introduit le moteur qui sera indispensable pour les années à venir, propose une expérience de match enfin plus agréable à regarder, ouvre la voie au football féminin et modernise le tableau tactique. Cependant, le tout est encore imparfait : l'interface a besoin d'être peaufinée, certaines fonctionnalités doivent être réintégrées, l'optimisation doit être améliorée et le gameplay doit être fluidifié. Les fans de la série y verront le point de départ des futurs FM, tandis que ceux qui recherchent une version stable pour jouer pendant des mois trouveront peut-être FM24 plus pratique. En bref, un véritable épisode de transition, mais qui augure bien des excellentes idées qu'il propose.