Dans la Chine de la dynastie Song, en 1146, le peuple se rebelle contre l'empereur. Inquiet, il convoque une réunion avec le Premier ministre Qin Hui dans un avant-poste fortifié pour discuter de l'état de la révolte naissante. Cependant, deux heures seulement après la rencontre, le grand officier est retrouvé assassiné et la lettre qu'il avait l'intention de remettre en personne à l'Empereur a disparu. Deux soldats de la garde impériale, dont l'un est sur le point d'être exécuté comme présumé responsable, sont mis à l'épreuve pour une tâche difficile : ils ont deux heures pour retrouver la lettre et traquer le meurtrier qui se trouve dans cette forteresse et pourrait menacer la sécurité du grand chef. Les deux, qui sont également des parents éloignés, mais qui ont des caractères complètement différents, devront apprendre à collaborer et à se défendre des pièges du palais qui se cachent dans cette forteresse menaçante, où, plus que la garde impériale, ce qui inquiète, ce sont les conjectures astucieuses du mystérieux rebelle qui complote pour détrôner le grand commandant en chef.

Dans le palais d'un chancelier de la Chine du XIIe siècle - une véritable citadelle - a lieu le meurtre d'un commissaire Jin. C'est le début d'une enquête serrée menée par certains généraux du Chancelier, puis d'un mécanisme tordu de complots et de quadruples jeux qui tourneront tous autour de quelques « objets » - une lettre, un lingot, un bracelet. Comme dans tous les bons thrillers, mais aussi comme dans tous les bons romans policiers. Zhang Yimou signe avec une énergie inattendue un thriller aux multiples rebondissements lancé à une vitesse vertigineuse à travers rues, ruelles et maisons de toutes les classes sociales, compactant au sein d'un microcosme (en semi-unité de lieu) plusieurs pans de la société médiévale chinoise. De toute évidence, les rangs, les honneurs, la pauvreté sont remis en question et, avec les affections et les intérêts politiques, ils sont utilisés comme armes de coercition et de menace. Zhang adore simplement regarder ses personnages parler, marcher et s'entretuer, et à partir de ces trois actions seulement, il crée un mécanisme narratif brillant. Il divise idéalement son intrigue en actes, et les césures de ces actes correspondent à des séquences où les personnages se positionnent ici et là dans la citadelle du Chancelier, privée par la nuit de ses couleurs : ce sont des steady cams hypnotiques accompagnés d'un rap chinois fascinant et très capricieux. Tout est gris - à l'exception du sang très rouge - et même les maisons des riches et des pauvres semblent fondamentalement les mêmes : quel que soit le rang, c'est une compétition entre des esprits différents, capables d'utiliser l'ironie elle-même (qui est également présente dans le film) pour manipuler et mentir. Un jeu de massacre littéral, qui se termine par le prix de consolation patriotique habituel mais qui ne manque pas de nous rappeler combien de sang inutile est versé lorsqu'il s'agit du pouvoir et de la révolution.