Hector et Rupert vivaient avec leurs familles dans les bidonvilles de la mégacity de la mégacorporation Meatfake, la fameuse ville utopique. Lorsque leurs proches furent massacrés par les forces de l'ordre de Meatfake, ils s'enfuient en se promettant de les venger. Des années plus tard ils reviennent à Meatfake et s'y introduisent illégalement. Rapidement arrêtés, ils sont incorporés de forces dans les forces de conquête spatiale, les fameux Space Marines, que la corporation utilise pour coloniser des planètes entières à son profit. Hector entrevoit là un moyen de se venger, Ruper y voit une nouvelle chance. Après un atterrissage forcé sur une planète inconnue, l'équipage du Speculator se retrouve exposé à des spores toxiques transformant les soldats en créatures mutantes. L'efficacité de leur équipement militaire est mise à rude épreuve face à cette menace biologique. La panique s'installe, laissant la survie entre les mains de quelques-uns, notamment le lieutenant Bartek et le vengeur Hector.

Dans ce second tome, Eldiablo resserre l'étau autour de son équipage de Space Marines, dont l'antimilitarisme latent est de plus en plus palpable. L'intrigue quitte les aspects de politique spatiale du premier volume pour plonger dans une atmosphère de survival horreur très efficace, avec des références claires aux classiques du genre (on pense notamment à l'ambiance angoissante d'Alien ou aux mutations corporelles de The Thing). La planète hostile n'est pas seulement aride, elle est infectieuse. Le virus autochtone, agissant par spores, est une menace sournoise et dévastatrice qui met les fiers conquérants de l'espace au pied du mur. Le scénario excelle à dépeindre la panique et la décomposition du groupe. L'équipement sophistiqué devient inutile, et les soldats, loin de leur image héroïque, révèlent leurs faiblesses. Cela permet d'étoffer la psychologie de certains personnages clés (comme Bartek et Hector), offrant une évolution bienvenue. Le rythme est soutenu, alternant entre les scènes d'action viscérales et les moments plus calmes, essentiels pour le développement des personnages et l'installation d'une ambiance claustrophobe dans le vaisseau endommagé. Mathieu Thonon continue d'imprimer son style semi-réaliste, à la fois très dynamique et expressif, qui convient parfaitement à cette œuvre de science-fiction orientée action. Le design des soldats, des créatures mutantes et des décors spatiaux est réussi. Les créatures mutantes sont particulièrement répugnantes et bien rendues, renforçant l'aspect horrifique.