Sorti en 1996, Le Constat dispose d'une nouvelle édition en bande dessinée. Il s'agit d'un road-movie à la française, dans lequel Etienne Davodeau met en scène trois personnages que tout oppose, mais qui n'ont plus rien à perdre, et qui vont se se rapprocher le temps d'un voyage en voiture (R18).  Les trois protagonistes vont en effet dans la même direction et vont apprendre à s'apprécier tout au long de la centaine de page du récit. On retrouve tout d'abord Vincent, un ingénieur de 30 ans à qui on a un peu forcé la main pour devenir délinquant, et qui a décidé de de se révolter et de doubler ses associés. Ensuite, il y a Abel, un vieil homme mystérieux qui a traversé les contradictions du siècle et qui va aider Vincent pour que celui-ci l'accepte dans sa voiture. Enfin, il y a Rose, une jeune fille insouciante à priori sans attaches, qui vit une vie de bohème et qui traverse la France en autostop en vivant de petits boulots.  Les évènements semblent se précipiter, et l'épilogue s'avère pour le moins incertain.

Dans ce polar contemporain, on trouvera un dessin au trait nerveux et épuré, qui traduit bien la tension permanente du récit. Le découpage est également très nerveux et on s'attache assez rapidement aux personnages marginaux qui ne demandaient qu'une vie tranquille, et pourtant, le sort a décidé de s'acharner sur eux. Ce qui est un peu plus perturbant, c'est le message politique, lourdement asséné, et en particulier lorsque Abel eut raconté son engagement communiste. Et quand de l'argent est en jeu, les plus bas instincts ne tardent pas à s'exprimer. En témoigne le cliffhanger inattendu qui conclut ce one-shot.