Réalité
Plate-forme : DVD
Date de sortie : 17 Juin 2015
Résumé | Test Complet
Editeur :
Développeur :
Genre :
film
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Réalisé par Quentin Dupieux.

Jason Tantra, un cameraman placide, rêve de réaliser son premier film d'horreur. Bob Marshall, un riche producteur, accepte de financer son film à une seule condition : Jason a 48 heures pour trouver le meilleur gémissement de l'histoire du cinéma ...

Le travail de la directrice artistique et scénographe Joan Le Boru, dont l'humilité est de se rendre impalpable, est un méticuleux et toujours surprenant précis de rétro-futurisme (l'action semble se dérouler à la fin des années 70 sans que cela soit dit) avec des décors comme ceux de la villa du producteur, l'asile psychiatrique de la fin (qui ressemble à un musée ou un bunker) sur les teintes ocres, beige, les textures de bois vernis, l'esthétique Bauhaus, etc. Dès ses prémisses, « Réalité » donne l'impression, vite confirmée, qu'un pas a été franchi vers moins de conceptualisme bravache, d'absurde hirsute en vase clos, pour une forme filmique plus sereine. Il est significatif que dans deux moments cruciaux du film, la séquence de chasse qui l'ouvre et l'hilarant entretien sans cesse interrompu de Jason Tantra avec son producteur (Jonathan Lambert), le découpage de Dupieux n'ait jamais été d'une telle rigueur.

Les moments de normalité totale abondent dans Réalité, c'est même leur réitération (elle aussi) qui inquiète : une petite fille mange une tartine seule dans la cour de récréation au milieu d'enfants qui semblent ne pas la voir, sa mère lui lit un livre qui raconte sa journée sans s'en rendre compte, des gestes comme manger un repas en famille, ouvrir la portière et mettre le contact, marcher dans la rue, décrocher un téléphone sont à égalité d'aberration avec d'autres ouvertement maniaques (comme tirer au fusil à lunettes sur des surfeurs). On se met à comprendre une chose aussi élémentaire que le rêve ou le cauchemar d'une personne n'a rien en soi d'obscur, absurde ou inquiétant. C'est en regard du rapport que cette personne a à la réalité comme référent de normalité que le rêve se met à bruisser, tinter, vibrer de mystère et de peur. Cette perméabilité réflexive hausse le film à un niveau d'angoisse rarement atteint sur un écran, nous mettant face à notre imaginaire et aux vertiges de la perception.

VERDICT

-

Tout comme chez Lynch, l’étrangeté ici génère un questionnement infini et indéfini. C’est probablement ce qui rend ce film toujours passionnant, on ne sait pas vraiment ou l’on va mais on a en même temps une sensation très forte de ce qui se passe devant nous. Le surréalisme est étroitement lié à une perception trouble du monde et questionne notre perception de la réalité.

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