Scénario : Jeon Keuk-Jin
Dessin : Park Jin-Hwan
The Breaker est un manwha en dix tomes publié initialement aux éditions Daiwon en Corée du Sud et chez Booken en France. L'intégralité est désormais réunie dans un coffret collector contenant les dix tomes de la série, un poster, quatre artworks et un artbook de soixante-dix pages. L'action commence dans la ville de Séoul, principalement à l’école de Shinwoo, un garçon fragile qui est intimidé par des voyous de sa classe et qui, grâce à la rencontre avec le nouveau professeur d'anglais, Chunwoo, va voir sa vie littéralement changer. Ce nouvel arrivant se révèle être immédiatement un type exubérant, avec une forte tendance à être un coureur de jupons, essayant immédiatement de se rapprocher de l'une des professeures les plus attrayantes de l'école. La situation du garçon semble incurable, mais un soir, alors qu'il errait dans les rues de la ville, il découvre son professeur frapper des individus qui l'avaient auparavant malmené. Dès lors, Shinwoo commence, même par une série de chantage, à faire pression sur le professeur pour qu'il devienne son élève, afin qu'il puisse se défendre et défendre ses proches. Après une longue série de refus, Chunwoo est convaincu d'aider le garçon, mais cela conduit également à l'impliquer dans les affaires de son passé et du présent avec la société des Murim, un monde caché divisé en clans où les arts martiaux et la violence sont les maîtres. Shinwoo sera-t-il capable de survivre à tout cela et de devenir plus fort ?
Dans The Breaker, les événements prennent essentiellement place dans l'école où Shinwoo étudie, avec pas mal de difficultés dictées par les actes d'intimidation qu'il subit, en essayant de toutes ses forces de n'impliquer personne d'autre dans ses malheurs, en particulier l'ami Saehee, toujours soucieux de savoir ce qui lui arrive. Avec sa "chance", il rencontre le professeur d'anglais remplaçant, Chunwoo, qui se révélera être tout sauf un professeur typique. En fait, dans le monde "sombre" où la violence est le seul moyen de discussion, Murim est connu sous un autre nom: Gumunryong; un titre attribué à ceux qui sont capables d'apprendre les neuf techniques d'arts martiaux et qui sont sacrés vainqueurs du grand tournoi parmi tous les clans. Mais pour lui, il n'y a pas une sorte d'estime à porter ce titre, d'autant qu'il est à présent recherché par tous les clans de l'alliance pour l'éliminer. Shinwoo se retrouve dans l'œil du cyclone, tandis qu'à une vitesse surprenante, grâce également à une technique secrète recherchée par Murim, il augmente ses compétences en arts martiaux. Il mûrit de façon substantielle par rapport au lâche qu'il était au début. C’est précisément intéressant d’analyser, la croissance d’un personnage non seulement pour son aspect combatif, mais avant tout humain, avec un personnage qui va se forger un courage presque caché.
Quant à Chunwoo, il est amusant de noter son incroyable flexibilité au sein de l'intrigue, qui réussit facilement à passer de l'amusant coureur de jupons, à l'enseignant soucieux d'élever son élève, jusqu'à celui de "bête" du combat, laissant tout le monde, lecteur tout d’abord, deviner la raison de la terreur envers le nom du Gumunryong. Tout ce mélange de facettes trouve une justification et une compréhension grâce à la séquentialité des événements racontés, allant dans le but de montrer quel est son vrai caractère, à partir précisément du coureur de jupons, partie insouciante de son personnage, jusqu’à révéler son côté sombre quand elle est chassée par l'alliance. Même les personnages "secondaires" sont très bien caractérisés, de Miss Sosul à l’autre "enseignant" Lee Shiho, protagoniste extraverti. Dans l’ensemble, le travail de Jeon Keuk-Jin est donc magistral : il crée une atmosphère sombre et crédible, avec un ensemble d’intrigues capables d’enlever le lecteur, poussé par la curiosité de découvrir ce qui se passera dans les prochains volumes. Il a également le mérite d'avoir créé une histoire très intéressante qui parvient à mélanger différents genres dans un cocktail explosif d'une qualité rare.
Les dessins de Park Jin-Hwan sont d'une qualité vraiment rare à trouver dans les manwhas avec une ligne épurée et pleine de détails. Sa capacité à faire ressortir les scènes de combat est vraiment impressionnante, tout en nous laissant espérer une transposition animée loin d'être possible, même si ce que nous pouvons voir dans ces pages peuvent complètement satisfaire le désir d'action. Ce ne sont pas des séquences hallucinantes, mais vaguement réalistes, ignorant le fait que nous parlons d'arts martiaux exagérés au nième degré, avec du sang et parfois des mutilations, mais sans impressionner les faibles estomacs, sans cette exagération qui faisait certains homologues japonais, un choix qui, compte tenu de l'atmosphère et du contexte du travail, est très judicieux.
VERDICT
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The Breaker est un travail vraiment incroyable, représentant le début d’une épopée d’une grande qualité et d’un fort potentiel, avec un mélange continu d’action et de drames, capable de capturer visuellement et émotionnellement le lecteur. Les couleurs dans chaque cas sont plus douces que celles du successeur, avec un fan service nettement plus élevé, pour le plus grand plaisir des yeux, en plus d'une veine comique qui, notamment dans la première moitié de l'histoire où certains facteurs n'ont pas encore été mis en jeu, nous faisant croire au début de suivre un travail totalement différent de ce qu’il est réellement. Pour parfumer le tout, il y a une superbe qualité des motifs, avec des personnages parfaits ainsi que des décors suggestifs, donnant le chef-d'œuvre lorsque les batailles sont présentées, sanglantes et spectaculaires.