Scénario et dessin : Nicolas Juncker
20 avril 1945. Ingrid relate dans son journal son séjour dans une cave avec les autres habitants de l’immeuble, dans l’attente de l’arrivée de l’armée russe. 30 avril 1945. Eugeniya, âgée de 19 ans, interprète à l’armée, retrouve avec ses confrères le corps calciné de Goebbels puis celui d’Hitler. L’un de ses supérieurs lui demande de l’aider à le voler pour s’en octroyer la découverte, un autre de veiller sur la femme allemande que s’est approprié un officier, ce qu’Ingrid a trouvé comme seule solution pour cesser d’être violée par la plupart des soldats russes. Toutes deux partagent alors la même chambre, le même lit. Eugeniya laisse Ingrid lire son journal, et espère que celle-ci lui donnera un jour le sien à lire…
De cette promiscuité subie entre deux ennemies va naître un début de compréhension des outrages subis de l’allemande par les russes, voire un début d’amitié. Cette histoire saisissante nous plonge immédiatement dans la chute de Berlin au travers du regard de femmes de camps ennemis, et nous montre leurs conditions de survie et d’existence en temps de guerre. Le dessin, original, parait tantôt presque naïf, efface les bouches, les sourires, tantôt très fin. La couleur illumine les deux seules éclaircies de joie ou d’espoir.
VERDICT
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La rencontre fictive de deux femmes bien réelles ou comment l'amitié peut naître même dans l'horreur de la guerre. Un album très réussi.