Joana débarque sur le nouveau continent pour s'engager dans une expédition de chercheurs d'or pour refaire sa vie. Son passé traumatique, niché dans sa tête, la poursuit partout où elle va. Mais alors que l'équipe qui devait l'embaucher la floue et part sans elle, elle décide de les poursuivre au cœur de la forêt, faisant fi de tous les risques. Faim, rencontres hasardeuses et dangers s'enchaînent et s'alternent : comment survivre dans un pays glacé quand on n'a connu que le climat doux et abondant de l'ancien continent ? Et comment se reconstruire face à des hommes mauvais ou une immense louve mortelle qui rôdent dans la forêt ?

Après le phénoménal succès de Géante, Nuria Tamarit revient avec un projet personnel qui aborde en partie les mêmes thèmes (conscience écologique, virilité toxique, solidarité féminine et résilience) mais d'un point de vue légèrement différent. Là où Géante était un personnage vierge qui se forgeait au contact des autres (bons ou mauvais), ici c'est un personnage blessé par la vie qui se reconstruit comme elle peut avec ses faiblesses et ses doutes face aux autres (tout aussi bons ou mauvais). Au delà de ses thèmes chers à l'artiste, on sent des inspirations narratives comme L'Appel de la Forêt de Jack London ou Moby Dick d'Herman Melville dans la relation entre l'humain et la Nature (et peut-être même un peu de l'Esprit de la forêt de Princesse Mononoke). Le dessin lui, est tout à fait distinguable, tel que nous le sert si bien Nuria à chacune de ses publications ici, chez Delcourt ou chez les aventuriers de l'etrange. C'est d'une beauté froide mise d'autant plus en avant car entrecoupés de flash-backs chauds et colorés des souvenirs du bonheur passé de Joana.