"Junji Ito - Histoires courtes" (Itou Junji Tanpenshuu: BEST OF BEST), paru au Japon aux éditions Shogakukan, est un " best of " des histoires de Junji Ito agrémenté de diverses galeries d'images, mais une grande partie des récits proposés est inédite en France. Il aurait été bon que la page de contenu indique dans quelles collections les histoires ont déjà été publiées, comme le font la plupart des compilations " best of ", mais comme il s'agit d'un matériel presque entièrement nouveau, nous comprenons pourquoi il ne l'a pas fait ! Les histoires contenues dans ce fantastique volume sont les suivantes : "Des millions de solitaires", une critique du concept d'Hikikomori, ou peut-être le contraire... "La chaise humaine", une adaptation en manga de la nouvelle d'Edogawa Ranpo, qui nous parle d'une femme convaincue que quelqu'un est assis dans son fauteuil... "La Vénus invisible" nous explique comment nous pouvons devenir obsédés par quelque chose que nous ne connaissons même pas. "La lécheuse" est une nouvelle terrifiante et désagréable incluse dans Black Paradox, dont nous vous avons déjà parlé. "Un amour inhumain" est un autre récit adapté d'Edogawa Ranpo, à savoir un conte noir fantastique qui frappe par sa profonde modernité et qui explore les figures de la poupée. "Le maître Kazuo Umezz" est une autre histoire courte sur la vie de Junji Ito et son admiration pour Kazuo Umezz. Le volume est complété par "Le professeur Kirida possédé", une histoire basée sur un court-métrage de Robert Hichens qui nous parle de fantômes et d'obsessions maladives (comme c'est étrange), " Le mystère de la faille d'Amigara ", qui est sans aucun doute l'une de ses meilleures œuvres, au même titre qu'Uzumaki, et qui contient également tous les éléments qui ont rendu Junji Ito célèbre. "La triste histoire d'un père de famille" se déroule dans une maison où un homme s'est en quelque sorte coincé sous le poteau principal qui maintient la maison debout. Bien qu'il ait été écrasé à mort, il ne veut pas être secouru. Enfin dans le sinistre et maléfique " L'enfant posthume", cela fait neuf mois que la défunte épouse du jeune maître est décédée et tout à coup on entend un bébé pleurer depuis le cercueil où elle a été enterrée. Le seul problème est que la maîtresse devenue épouse du jeune maître a également eu un bébé quelques semaines auparavant et qu'elle détestait apparemment le nouveau bébé.

Comme vous pouvez le constater, il s'agit d'une excellente compilation accompagnée d'une pin-up dessinée pour l'occasion, d'illustrations en couleurs de Frankenstein in Innsmouth, de la Déchéance d'un homme et de Spirale, ainsi que de nombreuses pages en couleurs, et quelles couleurs ! Un vrai régal pour les fans. Dans le dessin, Ito sait capter aussi bien le quotidien, de ce Japon à la fois urbain et rustique, avec tout ce qui touche à la terreur paranormale, aux morts-vivants et aux fantômes, ou à l'horreur cosmique, puisque comme toujours (ou presque), on a ce ton lovecraftien qu'Ito aime. tant, et sait exposer dans ses œuvres, des êtres aux formes impossibles, une terreur grotesque et inquiétante, mais en même temps fascinante. C'est ce que l'on préfère chez Ito : les visions/scénarios eux-mêmes sont l'essentiel - tout le reste n'est que de la poudre aux yeux. Vous ne lirez jamais d'histoires d'horreur comme celles de Junji Ito - les éléments qu'elles contiennent sont uniques et l'homme lui-même est un véritable original.