Après la Première Guerre Mondiale, le célèbre hebdomadaire "Le Canard Enchaîné" voit le jour, créé par Maurice Maréchal. Dès le début, le journal ne fait clairement pas dans la dentelle, les auteurs des articles ne sont pas toujours identifiés (pas davantage que les sources), le média échappe à la censure, les annonceurs sont absents, et le lettrage apparaît très particulier. Cet album affiche un récit pour le moins chronologique, et permet de découvrir les premiers talents du journal (notamment l'écrivain Henri Béraud et le dessinateur Gassier), mais aussi de voir comment est traité l'actualité dans ce journal. Dans un premier temps, Le Canard Enchaîné est soumis à la forte concurrence d'un autre hebdomadaire nommé "Le Merle Blanc", un passage est consacré à cela, et peu à peu, le côté pacifique du journal apparaît mis à mal, certains journalistes prenant clairement des positions très clivantes.

Le Canard Enchaîné disparaît d'ailleurs entre 1940 et 1944 avant de renaître de ses cendres à la Libération. Forcément, la rédaction n'en restera pas indemne, certains membres s'étant trop acoquiné avec le régime Pétiniste. Sur 180 pages, nous redécouvrons également de nombreux événements plus ou moins marquants de l'actualité française. Des scandales bien sur, des affaires d'État, des choses plus légères (mais pas encore "people"), des extravagances ou encore une certaine fronde (pour ne pas dire insolence) sur certains sujets (notamment contre l'ordre et le religieux). L'ouvrage est truffé d’anecdotes, et la plupart des articles sont ponctués par une image. Pas vraiment un dessin de presse au sens premier, mais une illustration où le Canard se met lui-même en scène comme témoin (et parfois acteur d'un événement). A noter que cette troisième édition comporte trente-deux pages supplémentaires abordant les deux premières années du quinquennat d'Emmanuel Macron et tout y passe (les gilets jaunes, l'affaire Benalla, relation avec Trump, démission de Nicolas Hulot puis de Gérard Collomb, etc).