My Broken Mariko est le premier ouvrage de Waka Hirako, un josei en un volume paru au Japon aux éditions Kadokawa et apporté en France par Ki-oon, qui parle d'amitié, d'abus, de violence domestique et de deuil. Une histoire bouleversante et touchante que vous ne voulez pas manquer. Pendant sa pause déjeuner, Tomoyo, employée de bureau, apprend par la presse que sa meilleure amie Mariko est décédée. Les deux femmes étaient amies depuis l'enfance, inséparables, et cette nouvelle est un choc pour Tomoyo qui décide de prendre les cendres de Mariko et de les disperser dans un endroit significatif. Hirako Waka retrace dans ces pages l'origine du lien particulier entre elles deux en racontant aussi la vie terrible de Mariko. Depuis son enfance, elle a été maltraitée par son père qui la considérait comme une esclave et la maltraitait. Sa mère n'a jamais été très présente et lorsqu'elle a découvert les abus, elle a accusé sa fille puis a quitté la maison. En grandissant, Mariko est convaincue qu'elle ne mérite pas le bonheur. Elle n'en est pas digne, le seul type de relation qu'elle connaît est une relation toxique. Elle n'a jamais connu l'amour d'un parent et même lorsqu'elle quitte finalement la maison, elle ne trouve pas quelqu'un qui l'aime vraiment et retombe dans des relations abusives.

Tomoyo a toujours été à ses côtés au fil des ans, mais en apprenant le suicide de son amie, elle se demande si elle aurait pu faire plus. My Broken Mariko traite de manière forte et crue des abus physiques et psychologiques de Mariko, mais aussi de la forte douleur de la perte vécue par ceux qui restent derrière, comme Tomoyo. La douleur mais aussi la culpabilité de n'avoir peut-être pas fait assez, de n'avoir pas dit "je t'aime" assez souvent ou d'être encore en vie. Tomoyo revit les moments qu'elles ont passés ensemble, les sourires sur le visage meurtri de Mariko, les nombreuses lettres qu'elle a reçues. Le voyage qu'elle entreprend avec les cendres de son amie n'est pas seulement physique et c'est à cette occasion qu'elle se permettra d'éprouver la forte douleur qu'elle ressent. Les dessins sont très expressifs, les planches communiquent de manière claire et décisive tout le drame de l'histoire. Les visages des personnages sont souvent déformés par la douleur et les larmes, à tel point qu'il est impossible de ne pas éprouver de la compassion. La violence passe principalement par les images sans texte car il n'est pas nécessaire d'expliquer ce qui est évident pour les yeux. Ce qui nous est raconté n'est pas une histoire inventée, mais une dure réalité que de nombreuses personnes vivent souvent sans personne à leurs côtés.