Quel est le lien entre le massacre de travailleurs italiens à Aigues-Mortes en 1893, un déjeuner dominical et une baignade familiale sur l’air de Bella Ciao, la naturalisation d’un italien dans les années 1930, le retour d’un gamin de colonie de vacances fasciste et la fabrication de cappellettes ? ... Baru ! Et dans son nouvel album, il nous parle de sa famille et de l’histoire avec un petit et un grand H. Sous forme de nouvelles graphiques, il nous donne des instantanés, des clins d’œil, sur des événements familiaux ou historiques pour nous expliquer ce qu’il est et ce que sont les français d’origine italienne. Avec son grand-père racontant les pantalons portés trop courts pour montrer ses chaussures neuves, son cousin revenant sur la véritable origine de la chanson Bella Ciao ou encore la découverte par sa tante du destin du jeune Ezio parti combattre Franco, Baru interroge ses racines.

Ses albums sont toujours des chroniques, intimistes et souvent personnelles. Elles nous racontent des temps révolues, avec nostalgie et tendresse. Ce nouveau roman ne fait pas exception mais le caractère intime de cette saga familiale lui donne une profondeur et une saveur particulière. La poésie qui l’habite est plus profonde et vient de loin. Tout comme le propos politique ou sociologique, plus intense parce que plus personnel. Même le trait gagne en profondeur. Toujours élégant, il est plus épuré, sans fioritures superflues et moins fantasmé. Mais au travers de l’histoire de sa famille, Baru nous raconte celle de tous les émigrés. Il nous parle de leurs souvenirs, de leur intégration, de leur vie. Et il le fait avec la pudeur, la poésie et l’élégance qui le caractérisent depuis des années pour nous offrir un très grand album dont on attend la suite en regardant un film sorti de cinecittà avec Silvana Mangano, un verre de vin à la main.