Il faut avoir le cœur bien accroché pour digérer ce morceau : "Dans le Paris d'après la Commune, tout semble converger vers un seul endroit le restaurant "La Pieuvre" situé Passage Vendrezanne. Des gens peu fréquentables y occupent les comptoirs et des personnalités encore plus inquiétantes y sont attablées, surtout dans le coin des habitués. Mafia solennelle régissant le tout Paris dont les quatre parrains ne sont rien d'autre que les pièces d'un visage inhumain. Célestin, le garçon de salle arrivé enfant dans le restaurant après avoir été abandonné par son père, a un don, celui de voir dans le cœur des gens. Sa vision l'éloigne de tous les dangers et lui apprend à discerner les moments où se faire discret. Mais chaque habitude n'existe que pour être bousculée. Un môme ressort des égouts pour exposer la crasse du monde et les fantômes du passé ressurgissent des enfers pour délivrer leurs funestes messages. Même la Pieuvre, aussi souple soit elle, ne peut lutter contre les terribles courants de la fatalité.

On ressent un Paris d'époque, sans concession. Et l'aspect fantasy urbaine demeure toujours aussi bien, ici, il faut le dire, grâce à Célestin. Quelle classe, Célestin ! Et pourtant, il s'agit à priori de la bonne poire, trop bon trop con, mais qui au milieu du marasme des bas-fonds va illuminer tout le mon de sa probité et de son courage. Un superbe univers, où l'on ne s'ennuie jamais, à l'image des deux autres récits des contes de la Pieuvre.