Le bateau de Thésée (Theseus no Fune) est un manga qui s'est récemment conclu en dix tomes au Japon aux éditions Kodansha. Il y a vingt-huit ans, le père de Shin Tamura fut responsable d'un cas d'empoisonnement collectif à Hokkaido. Encore à l'école primaire, la vie de Tamura a basculé et il a du apprendre à vivre avec le nom d'un criminel. De nos jours, après la mort de sa femme en couches, Tamura retourne à Hokkaido pour faire face à son passé. Les mystères entourant son père, un policier, remontent à l'année 1989, où une affaire de meurtre au cyanure a tué 21 villageois d'Otousu. La majorité des victimes sont des enfants des écoles primaires. Le père de Shin, Bungo Sano, a été accusé d'être le meurtrier. Mais le policier n'a jamais admis l'acte. Depuis, Shin a découvert qu'avant le meurtre, il y avait eu une série de morts. Certaines semblent être des morts naturelles, mais d'autres sont intentionnels. Mais connaissez-vous le paradoxe appelé "bateau de Thésée" ? Il était une fois un navire appartenant au héros Thésée, qui a été restauré à son retour de Crète pour continuer à voguer sur les flots. Les pièces vieillissantes et en décomposition sont remplacées peu à peu jusqu'à ce que toutes les éléments d'origine du navire soient finalement remplacées. De là un paradoxe: "Ce navire est-il toujours le même que le navire d'origine ?" Et si l'on pouvait faire la même chose avec les humains ? Si le passé de Tamura n'avait pas été si difficile, sa vie serait peut-être très différente maintenant.

Après le suspense de la fin du septième tome, nous nous approchons lentement mais surement vers la révélation de l'identité du/de la coupable. Lors d'une nuit particulièrement brumeuse, tout à fait dans l'esprit de Silent Hill, Shin s'est retrouvé face à face avec le meurtrier, à savoir Mikio Kato, devenir l'époux de sa soeur dans le présent modifié. Hélas pour lui, c'est un piège grossier qui semble se refermer sur Shin : L'assassin connaît son secret, il sait qu'il voyage dans le temps et qu'il faut l'éliminer pour de bon afin qu'il stoppe son enquête à la fois en 1989 et au temps présent. Shin se fait poignarder puis l'assaillant tente de l'étrangler. C'est alors que le brouillard entourant la forêt d'Oto Usu, le téléporte à nouveau en 1989. Désormais, Shin connaît l'identité du coupable mais commence à se vider de son sang. A son réveil, il se trouve dans un lit d'hôpital seulement quelques jours avant le drame de l'école primaire. C'est une véritable course contre la montre qui débute alors. Accompagné de son père, Shin va tenter de découvrir ce qui a pu pousser Mikio à commettre l'irréparable et quel est le rôle précis de la mère adoptive de ce dernier, l'institutrice Satsuki Kimura. Il reste d'ailleurs des zones d'ombre, des éléments non élucidés et une relecture s'imposerait presque pour essayer de comprendre qui est le/la commanditaire ou le/la complice et comment on en est arrivé à l'affaire d'empoisonnement du 24 juin 1989. Ce thriller qui mêle enquête policière et voyage dans le temps de manière fort habile aura su depuis le début retenir notre intérêt parce que le lecteur aimera avoir le fin mot de l'histoire. On sait que les indices sont nombreux, distillés dans chaque volume à l'ambiance hivernale ou pesante bien retranscrite, mais on peine malgré tout à comprendre tout le cheminement criminel dans son ensemble ainsi que les liens entre les différents protagonistes : on voit la toile se dessiner progressivement mais pour l'instant, il en manque encore quelques morceaux...