Gaëlle, la mère câline, et Romain Guitry ont le cœur bien accroché. Après avoir vu tant de souffrances liées à la guerre, ils décident d'adopter un orphelin yéménite. Après des mois d'attente, ils peuvent enfin accueillir chez eux le petit Wajdi, âgé de dix ans. Le garçon reçoit un accueil chaleureux et est complètement bouleversé. Mais leur fille Esterina, presque adulte, le prend par la main. Métaphoriquement, bien sûr. Wajdi ne supporte pas d'être touché. Probablement une conséquence de sa vie difficile où il a perdu ses parents et sa sœur. Les Guitry essaient de toutes leurs forces de faire dégeler Wajdi et de l'intégrer dans son nouveau pays, sa nouvelle école et sa nouvelle maison, mais c'est difficile. Pendant des années, Wajdi a passé sa jeune vie en enfer. Aujourd'hui, il apporte cet enfer aux Guitry.

Le scénariste Zidrou a choisi un nouvel angle pour le deuxième cycle de L'adoption. Ce n'est pas difficile. Chaque adoption est une histoire intense qui mérite d'être racontée. Sans grands mots et sans aventures, nous sympathisons avec les Guitry. Avec les meilleures intentions du monde et un peu pour eux-mêmes et pour le public, ils ont accueilli un garçon de dix ans avec un énorme sac à dos de misère. Ils l'avaient imaginé de façon trop romantique. Vous les voyez trébucher, sonder et chercher une ouverture. Cependant, ils ne vont pas jusqu'au bout. Ce processus de lutte est magnifiquement dépeint par Arno Monin. Comme Wajdi ne parle que l'arabe, il travaille beaucoup avec des expressions qu'il agrandit légèrement. Pas tout à fait caricatural, mais efficace. On peut sentir la colère, le stress et la peur s'insinuer dans les dessins. Et puis il y a les couleurs pastel caractéristiques de la série. Tout dans cette histoire appelle des couleurs criardes, mais c'est le pastel qui traduit le mieux les meilleures intentions de la famille adoptive.  Wajdi est une belle histoire. Personnellement, nous aurions préféré voir l'histoire du point de vue de Wajdi lui-même. Pourquoi garde-t-il toujours son mackintosh (imperméable) ? Pourquoi ne veut-il pas être touché ? Qu'est-ce qu'il a traversé ? De plus, nous sommes très curieux de voir à quoi aurait ressemblé la scène de la pizza révélatrice et quelque peu cheap au milieu de l'histoire. Oh oui, c'est la première partie d'un diptyque et elle est écrite par Zidrou. L'histoire se termine donc par un cliffhanger fort qui vous fait attendre avec impatience la fin.