Tim et Mary se rencontrent dans un Belfast envahi par les tensions du Brexit qui se profile, et par l'héritage des troubles nord-irlandais qui refait surface. L'une est catholique, l'autre est protestant. Les deux sont marqués par des blessures du passé : Tim est le fils de Frankie Brown, héros de la lutte unioniste, mort au combat à la fin des années 90. Mary est quant à elle la fille d’un ancien activiste de l’IRA, Patrick Pearse, qui a déposé les armes il y près de 20 ans, avant même les accords de paix du Vendredi Saint. Tous deux font preuve d'une insouciance touchante, qui laisse deviner les traumatismes dissimulées. Leur histoire est belle, mais elle réveillera les fantômes du passé.

Près de 15 ans après "Coupures Irlandaises", Vincent Bailly et Kris décident de traiter à nouveau de l'Irlande du nord via le prisme du sport, autre thème déjà abordé ensemble dans "Mon père était boxeur". Ici, il sera question de football gaélique, véritable sport national dans le pays, ainsi que de vieux démons toujours prêts à ressurgir : le conflit entre catholiques et protestants. Ce qui se passe entre Tim et Mary est une chance, les deux ayant visiblement réduit à néant les barrières du passé, leurs proches sauront-ils en faire de même ? C'est de la douceur, beaucoup de douceur, et pourtant, aussi, de la violence. C'est un tel plaisir de lecture, et en même temps un tel déchirement que l'on attend déjà la suite avec une impatience non feinte ! Amour, conflit, fonds historique, Irlande... Quel que soit le thème qui vous attire dans cette BD, foncez, vous allez adorer ! Vincent Bailly ne se contente pas de dessiner, il colorie aussi à l'aquarelle. Cela créé des images. Avec des images historiquement authentiques, densément dessinées et peintes avec une grande attention aux détails, le graphisme est plus qu'un succès ! Parfois, les facettes colorées des images semblent un peu à la recherche de précision, mais c'est un avantage, car ici chaque détail des vêtements, des bâtiments, des véhicules et des vues sur les villes et les environs est juste. Le scénario a choisi des événements humoristiques tout aussi judicieusement que ceux racontés en arrière-plan de la biographie avec des circonstances et des développements politiques.