Chaque jour, nous nous battons pour devenir l'homme que nous sommes déjà, et chaque jour, nous travaillons pour devenir meilleur. Ce n'est qu'une des nombreuses citations intéressantes que nous entendons Koen De Bouw dire dans Nowhere, le troisième film de Peter Monsaert, dix ans après son magistral premier film Offline, l'un des meilleurs films belges de la dernière décennie. Dans Nowhere, il est question d'André (à nouveau un brillant Koen De Bouw qui s'avère très parlant sans en dire beaucoup). Il s'agit d'un ancien chauffeur de camion de 55 ans qui s'occupe maintenant d'un café de routiers. Il travaille au noir avec des ouvriers qu'il paie la bagatelle de 20 euros par jour. Cependant, il s'avère qu'il a déjà été escroqué. Il ne connaît pas grand-chose à l'électricité lorsqu'il se trouve devant une boîte à fusibles inachevée. André rencontre Thierry, un adolescent maghrébin, lorsqu'il tente de s'introduire dans le chantier. Le garçon semble savoir comment réparer le boîtier électrique pour qu'il puisse être inspecté. Cependant, il ne veut pas travailler pour 20 euros au noir, en demande 50, et il n'est pas rare qu'il fasse chanter André en lui disant qu'il pourrait aller à la police à tout moment en raison de la prétendue blessure qu'il aurait subie lorsqu'André a réussi à l'attirer dehors lors de sa tentative de cambriolage.

André apparaît comme un homme peu loquace au début de Nowhere. Il ne s'est pas encore totalement remis d'un traumatisme familial et semble s'être replié sur lui-même depuis. Cela rend le rôle de Koen De Bouw particulièrement gratifiant et intéressant, bien sûr, car nous obtenons progressivement plus d'informations sur André, pourquoi et comment il est devenu l'homme qu'il est aujourd'hui et comment il vit. Il en va de même, d'ailleurs, pour le personnage incarné par Noa Tambwe Kabati. Le matin où André attend que Thierry commence à travailler avec lui, l'adolescent ne se présente pas. L'homme se rend donc à l'adresse qu'il a indiquée dans le contrat qu'il a signé. Il s'avère que Thierry vit dans un squat sans possibilité de se laver, par exemple. André finit donc par lui donner non seulement du travail mais aussi un abri. Bien que ces deux personnes aient des caractères totalement opposés, elles se rapprochent l'une de l'autre. Il s'avère que Thierry est passé d'un foyer pour jeunes sans parents à un autre dans sa jeunesse. C'est ce qui a fait de lui ce qu'il est, un garçon à qui la chaleur du nid manque et qui est toujours à la recherche de sa mère biologique. André va l'aider dans sa recherche, tandis que les sentiments presque paternels qu'il commence finalement à éprouver pour le garçon vont l'aider à traiter son traumatisme et lui être ainsi bénéfiques.