Lorsque Hitler prend le pouvoir, Einstein est profondément inquiet que son travail ne tombe pas entre les mains de ce dictateur. Il décide de se retrancher à Coq-sur-Mer avec sa famille et ses connaissances. Mais Hitler et son armée du Reich sont sur ses traces. Ils veulent le kidnapper et le ramener en Allemagne pour mieux contrôler ses recherches. Mais pourquoi veulent-ils les travaux d'Einstein comme ça ? Et pourquoi Einstein s'intéresse-t-il tant à l'œuvre du peintre James Ensor ?

Avec Coq-sur-Mer 1933 (De Haan 1933), Baudouin Deville a Rudi Miel à ses côtés comme scénariste et il adopte une approche plus biographique. Oui, il met en avant Coq-sur-Mer, mais le récit de cette ville côtière est accroché au portemanteau biographique appelé Albert Einstein. Cette façon de travailler permet à Miel d'aborder le contexte de manière large. Il peut parler de la position d'Einstein en tant que citoyen du monde déplacé et scientifique pourchassé, il peut évoquer James Ensor et illustrer son attrait et son influence et, enfin, mélanger les deux représentations et les faire se rencontrer. Les deux illustres messieurs se sont effectivement rencontrés et il y a eu une admiration mutuelle, mais il y aurait également eu une certaine tension. Un certain mystère plane sur l'interprétation concrète de cette tension et l'imagination de Miel peut donc se mettre au travail. Le résultat est un ajout équilibré de fiction, bien que n'étant pas opposé à une certaine prévisibilité. Grâce à ce dossier, vous pouvez (partiellement) déterminer ce qui est authentique et ce qui est fictif. Coq-sur-Mer et les deux grands sont amenés à la vie dans un style ligne claire évident que Deville maîtrise superbement. Cela rend cet album un peu plus belge.