La Californie dans les années 1950 : Alice Chambers (Florence Pugh) vit avec son mari Jack (Harry Styles) dans le désert, car ce dernier a trouvé un emploi d'ingénieur dans un lotissement qui y a été construit, le projet Victory. Alice ne connaît pas les plans exacts du fondateur Frank (Chris Pine). L'environnement semble idyllique, mais Alice fait bientôt des découvertes de plus en plus mystérieuses et inquiétantes, jusqu'à ce qu'elle comprenne le danger qu'elle court.

Olivia Wilde, connue surtout comme actrice, a réalisé un premier long métrage remarquable avec la comédie "Booksmart" (2019). Elle y a trouvé des images extrêmement originales pour charger d'idées fraîches des lieux même trop familiers comme le lycée américain. Son successeur, Don't Worry Darling, est également un véritable triomphe sur le plan visuel. Avec son caméraman Matthew Libatique (qui avait auparavant réalisé les prises de vue de "Black Swan"), elle capture l'idylle supposée des fifties avec des maisons impeccables ainsi que les routines et les rôles qui y règnent dans des plans intelligemment choisis. De même, diverses séquences de rêve sont un régal dans leur conception surréaliste. Le scénario, écrit à l'origine par les frères Carey et Shane Van Dyke et retravaillé par Katie Silberman, présente cependant des faiblesses et des lacunes qui ne peuvent être dissimulées ni par la mise en scène souveraine, ni par le jeu engagé des acteurs, ni par un twist à l'origine tout à fait passionnant dans l'acte final. Le fait que le mélange de satire critique de la société et de thriller mystérieux rappelle clairement des œuvres comme le roman "Les femmes de Stepford" d'Ira Levin (et ses adaptations à l'écran) ou les films "Blue Velvet" (1986), "The Truman Show" (1998) et "Matrix" (1999) ne plaide pas fondamentalement contre lui. Mais le fait qu'il ne parvienne pas à ajouter grand-chose à ces classiques modernes en fait finalement une déception. Alors que "Don't Worry Darling" prend beaucoup de temps pour faire monter la tension, trop d'aspects restent inaboutis dans le dernier tiers. Le potentiel féministe que possède sans aucun doute l'histoire n'est pas exploité. L'œuvre ne mérite cependant pas que la couverture médiatique du film se concentre sur les coulisses. Plusieurs images et moments restent en mémoire, notamment grâce à Florence Pugh ("Midsommar"). Celle-ci fait preuve d'une énergie admirable pour démontrer comment la protagoniste Alice tente de se libérer du piège du gaslighting. Chris Pine ("Wonder Woman") est lui aussi convaincant dans le rôle d'un chef de projet à la fois charmant et menaçant.