Résumé : Madagascar a aussi son lot d´histoires où le sordide peut côtoyer le risible. En 3 jours, des anonymes peuvent croiser un échantillon très représentatif des rebuts de l´humanité mais aussi une sacoche dont le contenu peut se négocier au prix fort... la mort. Tout sépare Gabriel et Ikala. Lui est un rebelle qui se rêve truand, bientôt rattrapé par des remords et des mafieux à qui il a volé une mystérieuse sacoche. Elle une fille sans histoires, excepté le fait que l´argent n´a pas d´odeur, surtout depuis qu´elle doit en trouver rapidement pour enterrer son père. Leurs destins vont se télescoper dans un road movie, autour de cette intrigante sacoche, convoitée par des bandits déterminés. De la torride et paisible citée de Majunga, sur la côté Ouest à la crasseuse et grouillante capitale Antananarivo, nos fugitifs amateurs vont tâcher de survivre à la jungle urbaine et sa faune de la pire espèce. Une histoire rondement menée ou les répliques font mouche.

La BD commence par un genre de flashback. Un flashback avec un aveu, une arme, un coup de feu. Que s'est-il passé pendant les 3 jours antérieurs au drame ? Tout tourne autour d'une sacoche. Une sacoche pas bien grande mais que tous les protagonistes de l'album s'arrachent. On ne sait pas vraiment ce qu'il y a dedans. On ne sait donc pas ce qu'elle apporte ; richesse ? bien ? un bon d'achat  ? On ne sait pas. À défaut, pour le moment, d'apporter la richesse, elle apporte la mort ! Et c'est le moins que l'on puisse dire : Course poursuite, mort, coups de feu, bagarre, sang, arme de poing, AK-47, salle d'opération clandestine, mafieux, jeune, vieux, truands ou non, ils ont tous deux points commun : Vouloir la sacoche et la mort. Et franchement, on a l'impression d'être projeté dans un genre de film d'action. Les plans sont très bons, les nombreux personnages apportent chacun une valeur ajoutée et on est tenu en haleine durant les 56 pages. Des armes, de l'argent, des morts, du sexe, du trafique d'être humain, vous mélangez le tout et voilà Trafika. La lecture est fluide, le contenu est hyper rythmé et on ne s'ennuie jamais. Et si le scénario est bon, il est aussi mis en valeur par un très bon récit : La justesse des dialogues collent parfaitement avec les interactions et les personnages. C'est percutant, précis et on se plait à imaginer les conséquences des actes des personnages quelques pages plus loin. Une atmosphère tendue qui nous plonge dans un Madagascar loin des clichés de carte postale. Et les dessins sont au service de ce récit, ils sont très bien réalisés, détaillés, l'expression des visages est très précis et on est vraiment plongé dans une ambiance de film ultra cadencée. Les jeux de lumières et d'ombres sont eux aussi très bien amenés et le design des planches nous plonge parfaitement dans le ressenti de l'endroit ; chic, froid, pauvre, à chaque fois, ça fait mouche. L'ouvrage est présenté comme un unitaire, mais au vu de la fin, une suite est complètement (voire totalement) envisageable.