Saint Omer
Plate-forme : DVD
Date de sortie : 04 Avril 2023
Résumé | Test Complet | Images | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
film
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


7.5/10

Réalisé par Alice Diop.

Alice Diop s'est fait connaître avec des documentaires tels que Nous et La Mort de Danton, des films toujours centrés sur l'identité africaine et la diaspora africaine en France. Cela ne changera certainement pas avec Saint Omer, bien que la cinéaste parte pour la première fois d'un récit plus structuré. En tout cas, il lui a déjà valu une flopée de prix, dont celui du meilleur scénario à Chicago et, récemment, le Grand Prix du meilleur film au Film Fest Ghent 2022. Comme pour souligner qu'il n'y a au fond que peu de différence entre le documentaire et la fiction cinématographique, Saint Omer s'ouvre - après un prologue de quelques dizaines de secondes - sur une conférence à l'université qui utilise le texte d'Hiroshima, Mon Amour de Marguerite Duras pour faire un constat sur la manière dont tout art sublime la réalité. La base à partir de laquelle Diop part pour sublimer la réalité elle-même est un dispositif fascinant qui met en miroir deux femmes africaines : d'un côté, Rama (Kayije Kagame), une écrivaine travaillant sur une nouvelle version de Médée, qui, pour s'inspirer, assiste au procès de la dame qui forme l'autre côté du film, Laurence Coly (Guslagie Malanda). Cette dernière est jugée pour le meurtre de sa fille de 15 mois - un écho évident de la tragédie grecque sur laquelle travaille Rama. Il faut un certain temps pour que cet angle d'attaque devienne clair et même lorsque le film nous a donné les informations nécessaires, il n'en reste pas moins que Diop prend tout le temps qu'il faut pour absorber le procès auquel nous assistons.

De longs plans-séquences scrutent les visages des personnages, mais nous permettent aussi de suivre tous les détails du jeu judiciaire. Progressivement, une esquisse particulièrement forte d'une série complexe d'événements naît de ces longues observations - la caméra statique retient longuement les images tandis que différentes voix s'expriment. Diop choisit de laisser les témoignages se dérouler en temps réel, obligeant le spectateur à ajuster peu à peu ses jugements et son point de vue. En fin de compte, le drame cache également une réflexion culturelle forte sur la façon dont les cadres de référence traditionnels s'imbriquent dans des structures pour lesquelles ils n'ont jamais été conçus, ce qui conduit à des paradoxes impossibles à réconcilier. Le fait que Saint Omer parvienne à aborder toutes ces questions de manière claire et sereine plaide en faveur d'un scénario soigneusement construit qui, parfois, dissimule parfaitement des détails extrêmement subtils dans les images ou les courts dialogues, comme le moment où la mère de Laurence commente ce que Rama va manger à midi. Cette qualité structurelle fait presque oublier qu'il s'agit également d'un travail accompli en termes de mise en scène discrète et de beauté discrète des images de la directrice de la photographie Claire Mathon (qui adopte ici une approche très différente de celle du Portrait de la Jeune Fille en Feu ou de Petite Maman, par exemple).

VERDICT

-

Saint Omer finit par malmener un final un peu transparent, mais les deux heures qui le précèdent sont heureusement assez fortes pour tenir la route.

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