En décembre 1986, alors que Jacques Chirac était au pouvoir, des événements assez graves se sont produits à Paris : lors de manifestations d'étudiants à la suite d'une réforme du système scolaire et universitaire, Abdel Benyahia, un jeune homme de 20 ans, a été tué par un policier en état d'ébriété. Par la suite, le jeune Malik Oussekine a également été battu à mort par trois policiers. Dans un premier temps, les autorités ont dissimulé la mort d'Abdel afin de disculper le policier. Mais jusqu'à quand cette farce va-t-elle durer ?

Le réalisateur Rachid Bouchareb a mis en scène ces événements dramatiques dans le long métrage Nos Frangins, présenté au 75e Festival de Cannes dans la section Cannes Première, en nous montrant les faits du point de vue des familles des victimes et en fustigeant en même temps le pouvoir en place. Nos Frangins est un film "en colère", un appel désespéré à la justice, un long métrage qui, dans des événements survenus il y a plus de trente ans, trouve malheureusement de nombreux points d'ancrage dans le présent. À cette fin, l'approche de la mise en scène adoptée s'inspire de la tradition des films noirs français, mais aussi des thrillers américains, en se concentrant à la fois sur des rythmes à couper le souffle, des rues de ville la nuit, des appartements dans la pénombre et des personnages à peine éclairés par des néons froids. La mise en scène adoptée fait que le présent Nos Frangins se classe à toutes fins utiles dans la catégorie des bons thrillers au cadre classique qui, bien que dépourvus de personnalité marquée et de virtuosité de mise en scène (mais dans ce cas, probablement superflue), nous offrent une histoire brute avec un fort impact grâce à un point de vue objectif qui n'a pas peur de mettre en évidence même les aspects les plus "inconfortables".