Réalisé par Michale Boganim.
Myriam (Talia Maidenberg), future médecin, et son mari Yossi (Amit Shushani) ne peuvent profiter de leur bonheur conjugal et parental que brièvement, chaque fois que Yossi est en permission au front. Nous sommes en 1984 et Yossi sert comme soldat au Liban occupé par Israël. C'est là qu'il sauve un jour la vie de la petite Tanya (Maayane Elfassy Boganim), la fille du couple libanais Nour (Sofia Essaïdi) et Fouad (Younes Bouab). Fouad est un combattant de l'armée du Sud-Liban soutenue par Israël, et c'est ainsi que des décennies plus tard, alors que la guerre est perdue, Yossi (maintenant : Shlomi Elkabetz) aide Fouad et Tanya (maintenant : Zalfa Seurat) à fuir vers Israël. Une fois sur place, Tanya et son père, désormais gravement malade, vivent en marginaux. L'ancienne amitié des deux hommes s'est refroidie et Yossi, qui a à peine vu sa femme et son fils Gil pendant son service militaire, s'est également éloigné de Myriam (aujourd'hui : Sarah Adler). Lorsque le conflit entre Israël et le Liban éclate à nouveau en 2006 et que Gil (Noam Bokobza) se porte volontaire pour l'armée, le destin réunit Myriam et Tanya pour un road trip commun.
Deux cœurs battent dans la poitrine de Michale Boganim. Née en 1977 à Haïfa et ayant grandi en France, elle a d'abord étudié à Paris, puis à Jérusalem. Et de même que dans sa vie privée, elle oscille entre ses origines israéliennes et sa patrie française, ses films s'intéressent également aux mouvements migratoires, aux exilés et à la vie dans la diaspora. La réalisatrice et scénariste ne recule pas devant les conflits que cela implique. Bien au contraire, elle les prend en compte, comme par exemple dans son dernier film "Tel Aviv - Beyrouth". Sur le plan narratif, Boganim couvre un large éventail. Le point de départ et d'arrivée est la guerre entre Israël et le Liban, qui couvre, avec des interruptions, une période d'un quart de siècle. Avec un long souffle et un récit en flash-backs entrelacés, la cinéaste montre ce que la guerre fait aux hommes. Pour illustrer sa cruelle absurdité, elle met en scène deux familles issues de nations ennemies qui, dans le cas concret, font pourtant cause commune - et montre à travers elles que la guerre divise même les prétendus amis et ne fait que des perdants. Tandis que les uns sont déracinés et ne retrouvent jamais de nouvelles racines à l'étranger, les soldats de l'autre camp se retrouvent sans patrie dans leur propre pays. "Tel Aviv - Beyrouth" est raconté du point de vue de deux femmes, une mère israélienne et une fille libanaise, interprétées de manière impressionnante par Myriam Medin et Zalfa Seurat. Contrairement aux hommes obstinés qui les entourent, elles forment la voix de la raison et s'allient à la fin de l'histoire, qui constitue une parenthèse dans le récit proprement dit. Tournée entièrement à Chypre, l'île doit servir de substitut au Liban et à Israël, ce qui est suffisamment crédible. Dans ce décor méditerranéen, capté par le cameraman Axel Schneppat et doté par le compositeur Avishai Cohen d'une bande-son jazzy qui contrecarre parfois les atrocités de la guerre, le drame de Boganim résonne aussi d'espoir. Le titre du film provient d'une ancienne ligne de chemin de fer qui reliait autrefois Tel Aviv à Beyrouth (et menait jusqu'à Tripoli). Elle est fermée depuis longtemps. Ce film rêve qu'elle puisse un jour réunir à nouveau les gens.
VERDICT
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Le drame de la réalisatrice et scénariste Michale Boganim entremêle les destins de deux familles sur fond de conflit entre Israël et le Liban. "Tel Aviv - Beyrouth" est un drame au souffle long et à la narration entrelacée, dans lequel la guerre ne fait que des perdants, mais où l'espoir d'un avenir meilleur finit par germer.